Une étrange atmosphère règne ces derniers jours dans les cybercafés de la région de Tizi Ouzou. Les jeunes se ruent sur les ordinateurs pour visionner des vidéos mises en ligne par les islamistes algériens montrant leurs opérations criminelles. A Azazga, les jeunes téléchargent et regardent librement et à outrance les images de l'attaque contre un véhicule de transport de fonds qui a été perpétrée il y a plus d'un an dans la localité. L'adresse du site hébergeur a fini par tomber entre les mains des jeunes utilisateurs du web et le « succès » est foudroyant. Le GSPC a réussi son OPA sur les espaces Internet, en l'absence totale de garde-fous et de moyens de contrôle. N'importe quel adolescent, pour quelques dinars, peut se mettre devant un ordinateur, dos au mur, et visionner la terreur. Sous le casque audio, l'internaute est soumis à un véritable décervelage à hauts décibels. Sur le site dégénéré qui héberge les pages des terroristes, l'attaque crapuleuse contre les convoyeurs de fonds est présentée comme une « embuscade contre une voiture de police ». Des barbus en kamis déclenchent une explosion qui immobilise la voiture des convoyeurs, achèvent froidement à l'arme automatique l'un de ses occupants et vident l'arrière du véhicule après une seconde explosion. Le commentateur de la vidéo, avec force chants et sermons, fait entrer cet acte de grand banditisme dans le registre du djihad. La guerre électronique est ouverte. La cible : les jeunes, sans défense et sans protection. L'arme est virtuelle, incontrôlable et à diffusion infinie. Les terroristes allient le son et l'image pour mettre en ligne leur barbarie, et la livrer à des surfers qui se retrouvent à mille lieues d'une utilisation saine du Net. La technologie est prise à rebours. C'est plus grave qu'une simple propagande islamiste, on a atteint le stade pathologique. Les jeunes ayant vu ces vidéos quittent leurs postes complètement bouleversés. Ils présentent rien moins que le syndrome du stress post-traumatique avec un besoin urgent de débriefing. Ils ont besoin de parler de ce qu'ils ont vu. Du coup, ils transmettent à l'entourage l'adresse du site. C'est un implacable moyen de diffusion et de publicité pour les webmasters du malheur.