«L'industrie cinématographique terroriste» a pris son essor en Algérie depuis le début des années 90. Acculés par les éléments de l'ANP et les forces de sécurité dans les monts de Sidi Ali Bounab, les terroristes du Gspc (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) ne se manifestent que très rarement. Cependant, ils viennent de passer à une innovation radicale en utilisant la vidéo comme arme puissante de propagande à l'image des procédés d'Al Qaîda en Irak. Dans une vidéo mise en ligne, dimanche, sur un site islamiste, le Gspc affirme avoir égorgé le gardien d'une prison à Tizi Ouzou. La victime présentée on line, est montrée dans un décor des plus choquants même si l'acte ignoble n'a pas été dévoilé. Il a été suggéré quand la vidéo a montré la victime entourée de quatre hommes armés et encagoulés. Le gardien égorgé est également montré à genoux et les yeux bandés. Ces vidéos d'exécution envahissent les consciences. Elles sont choquantes et affligeantes. Leur impact est crucial. Elles montrent la victime impuissante, faisant ses aveux devant des bourreaux sans pitié pour la vie humaine. La victime présentée, dimanche, affirme avoir été employée comme gardien dans cette prison pendant quinze ans, avant d'être enlevée par «les moudjahidine». L'homme raconte également «les conditions misérables endurées par les détenus dans les prisons des tyrans algériens qui les privent même de la prière pendant la nuit». «Ce criminel a été égorgé» lit-on sur l'enregistrement à l'issue de ses «aveux», obtenus évidemment sous la menace des armes. C'est la première fois que le Gspc, un groupe, affilié à Al Qaîda, met en ligne un décor de supplice. Une scène qui rappelle les exécutions en Irak où les vidéos sont l'un des éléments les plus choquants de la guerre.Un grand nombre d'entre elles ont été rendues publiques -diffusées via les sites islamistes sur le Net- par les insurgés irakiens. En fait, ces vidéos appartiennent à un genre d'outils de propagande développés depuis des décennies. Le procédé n'est pas nouveau en Algérie. Au tout début du terrorisme déjà, les radicalistes algériens ont eu à employer ces méthodes. Des vidéos de propagande circulaient sous le manteau en Algérie depuis la fin des années 80. A cette époque, les vidéos étaient simples. Elles comprenaient des discours de leaders radicaux, entrecoupés de séquences d'actualités tirées de la guerre contre l'armée rouge en Afghanistan. «L'industrie cinématographique terroriste» a pris son essor en Algérie depuis le début des années 90. Des caméras-vidéo bon marché, des graveurs de CD et des systèmes de numérisation, combinés aux besoins de l'information en continu, le tout emballé dans une séquence de quelques minutes puis servi aux internautes dans un décor horrible. L'une de ces premières séquences remonte à 1993. Elle montrait une attaque qui s'est déroulée la nuit contre un poste avancé d'une caserne de l'ANP. Il n' y a pas grand-chose qui se voyait sur cette vidéo, de très mauvaise qualité, filmée dans l'obscurité. Sur une autre, enregistrée lors d'une attaque menée contre le convoi d'un ministre, on entend une série de citations coraniques sur la bande sonore en même temps que les armes crépitaient. Le style «habile» des autres films de propagande des terroristes algériens s'est développé bien plus tard. Depuis le début de l'année 2002, au moins trois CD-Rom, d'une rare puissance émotionnelle et d'une production presque professionnelle circulaient dans les mosquées et sous le manteau. Ces supports montraient des attaques contre les services de sécurité, filmées en direct. Une attaque contre un convoi militaire, une attaque contre une patrouille de la gendarmerie et une autre contre deux voitures de la police. Un montage ciblé doublé d'un discours islamiste des plus virulents contre «le pouvoir des taghoutes».L'un de ces CD-Rom montrait avec force détails, des soldats algériens blessés lors d'une embuscade se faire froidement égorger.