Benzema n'est plus sélectionnable en équipe de France. C'est le patron de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, qui l'a déclaré, jeudi, lors d'un point de presse. «Karim Benzema n'est plus sélectionnable, jusqu'à ce que la situation évolue, jusqu'à ce qu'il y ait du nouveau dans ce dossier, c'est une décision que j'ai prise en tant que président de la Fédération», a-t-il lancé. Le Graët s'est ainsi rangé à l'avis exprimé par le Premier ministre français, Manuel Valls, le 1er décembre dernier, lorsqu'il avait estimé qu'«un grand sportif doit être exemplaire et s'il n'est pas exemplaire, il n'a pas sa place en équipe de France». Ce qui veut dire que l'international français, qui évolue au sein du Real Madrid (Espagne), n'a pas bénéficié de la présomption d'innocence, un principe cher pourtant à la justice de ce pays. Karim Benzema a été mis en examen le 5 novembre dernier dans une affaire de chantage dont a été victime Mathieu Valbuena, son coéquipier en équipe de France. Il est poursuivi pour «complicité de tentative de chantage» et «participation à une association de malfaiteurs». Des faits qui sont passibles de cinq ans de prison s'ils sont avérés. A la veille de sa «radiation» de la sélection, le joueur avait exprimé le vœu que la FFF ne se prononce pas avant que la justice tranche. Même s'il y a des écoutes téléphoniques le liant à l'affaire en question, Benzema affirme qu'il n'a fait qu'essayer d'arranger les choses pour Valbuena. Pas de présomption d'innocence donc pour l'attaquant du Real Madrid, contrairement à d'autres joueurs, dans d'autres sports, qui ont bénéficié du soutien de leur fédération alors qu'ils étaient poursuivis. Ce fut le cas, notamment, il y a quelques mois, lorsque le capitaine de l'équipe de France de handball, Nikola Karabatic, était poursuivi dans une affaire de paris truqués qui remonte à 2012. Il a même été condamné à payer une amende de 10 000 euros pour «escroquerie». Mais il n'a jamais été suspendu de la sélection. Il faut dire que dans ce cas-là, la «politique» n'était pas de la partie. Le Graët avait pourtant, auparavant, défendu le joueur à maintes reprises en évoquant la présomption d'innocence. Mais la déclaration du Premier ministre a probablement pesé dans la balance. Le contexte particulier dans lequel vit la France, depuis les attentats meurtriers de Paris le 13 novembre dernier, y est forcément pour beaucoup. L'attitude de certains «politiques» français, qui ont usé de surenchère, se disputant à l'extrême droite la stigmatisation des communautés musulmanes notamment (les beurs), d'autant plus que ces attentats sont survenus quelques jours avant les élections régionales du 6 décembre dernier (des élections dominées par le FN d'ailleurs), a fait que le football français se retrouve, une nouvelle fois, au milieu d'un scandale qui aurait pu, en d'autres contextes, être resté dans la sphère judiciaire. Si Benzema est «coupable», la justice le condamnera. Mais entre-temps, il était censé bénéficier de cette présomption d'innocence…