Plusieurs tortues géantes adultes ont échoué, avant-hier, au niveau des plages de la commune de Chetaïbi (Annaba), à la limite de la wilaya de Skikda, avons-nous appris des habitants. D'une longueur de plus d'un mètre, pesant plus de 100 kg, quatre autres individus de la même espèce ont été découverts également dans l'après-midi sur la plage du Cap de fer. Selon des témoins oculaires, elles étaient plusieurs à rejoindre le littoral pour, en l'absence de secours, mourir sur le sable. On ignore jusque-là les raisons ayant amené ces tortues à finir anormalement leur cycle de vie sur les côtes est du pays, d'autant plus qu'elles sont bien portantes, indemnes physiquement et vivantes. Alertées, les autorités locales n'ont pas encore réagi, tout autant que les associations écologiques. «Il s'agit de la tortue marine de Méditerranée, la tortue caouanne (Caretta Caretta). Autrefois aussi fréquente que commune en Méditerranée, elle est devenue très rare par le fait des prises accidentelles dans les filets de pêcheurs, devenus surexploiteurs, et de la pollution essentiellement tellurique. La principale cause aujourd'hui de la mortalité des tortues marines est l'ingestion de sachets en plastique transparent qui flottent entre deux eaux et que les tortues prennent pour des méduses dont elles très friandes. Autrefois, les plages de sable blond du Nord-Est algérien étaient autant de lieux de ponte pour les tortues marines. Censées être mises à l'abri par le classement du Parc national d'El Kala, elles ont été ouvertes progressivement au public qui a chassé ces animaux très farouches», se désole Rafik Baba Ahmed, un écologiste de l'université d'El Tarf. Bien qu'elle soit protégée par la Convention de Washington, comme toutes les tortues marines, la caouanne est une espèce de marine en forte voie de régression, qui subit encore un braconnage intense.