Les étrangers résidant en Algérie tentent de s'adapter tant bien que mal au Ramadhan. En effet, pendant cette période, la vie est transformée, les horaires sont différents et tout fonctionne au ralenti. Il peut s'avérer difficile pour eux de trouver un restaurant ouvert, hormis dans les grands hôtels internationaux. A l'hôtel Sheraton Club des Pins, il semble y avoir moins de monde que d'habitude. « La plupart des étrangers voyagent pendant ce mois, il ne reste qu'une minorité », explique la chargée de la communication. Par ailleurs, le déjeuner est maintenu au niveau de la brasserie qui est le restaurant-buffet, quant aux autres, ils ne sont ouverts que pour le dîner ou le f'tour pour certains. Le room service est fonctionnel 24h/24. Par ailleurs, pour ce qui est des loisirs, le mille et une Nuits reste ouvert comme à l'habituel pour contenter la clientèle étrangère et pour qu'elles ne se sente pas exclue durant ce mois où il y a une bonne affluence. La Kheima représente aussi une attraction pour cette tranche de clientèle. Un engouement particulier a été constaté lors des années précédentes. A Sofitel Alger, c'est le même son de cloche. Le taux moyen d'occupation de l'hôtel est de 58%. L'année dernière, il était de 37%. « L'activité durant le Ramadhan a toujours été meilleure que celle du mois d'août », souligne la direction de la communication. Le type de clientèle pendant le Ramadhan est constitué à 90% d'étrangers. Le motif du séjour est à 100% pour affaires. La majorité de la clientèle appartient aux entreprises conventionnées. Une remarque s'impose : beaucoup de cadres et d'opérateurs économiques étrangers viennent pour se restaurer. Les hôtels sont pour eux le seul endroit où ils peuvent manger discrètement et surtout à l'abri des regards. Pour déceler les tendances, nous avons demandé des statistiques. Pendant le deuxième jour du Ramadhan, 31 petits déjeuners ont été servis au room service et 49 petits déjeuners au coffee Shop. 19 couverts ont été assurés à midi. Si 80% sont des clients de l'hôtel, 20% sont des non-résidents. On y vient de l'extérieur, car les restaurants sont fermés et il n'y a pas d'autres possibilités pour se nourrir. Lors de notre passage, des représentants du groupe pétrolier et gazier mondial Total attendaient à la réception leurs collègues avant de passer à table. Il y a les travailleurs étrangers de Peugeot Algérie qui viennent aussi de temps en temps. Pour d'autres, ils se contentent de denrées simples (lait, yaourt, pain, bouteille d'eau ou une limonade) sur le lieu de leur travail, soit en s'enfermant dans leurs bureaux ou entre deux étages ou en avalant dare-dare. Une dame qui travaille pour une multinationale n'a pas de recette miracle. « Je grignote en cachette biscuits et chocolat que je dissimule d'ailleurs bien au fond de mon sac », nous dit-elle un peu désarçonnée... Les étrangers évitent en général de manger dans la rue ou de fumer dans les endroits où il y a beaucoup de monde. « C'est une question de bon sens et de respect de l'autre », commente Roger, un Français de passage à Alger. Les étrangers trouvent dommage l'absence d'activité et de vie sociale durant ce mois. Aucun restaurant n'est ouvert la nuit, s'étonnent-ils, contrairement aux gargotes qui ont poussé comme des champignons. Même si le Ramadhan reste un mois de fête et de partage entre les familles algériennes, une vraie pression sociale s'exerce sur ceux qui ne font pas carême, contrairement au Maroc et à la Tunisie.