La Commission fédérale des arbitres (CFA) a mis à profit la trêve hivernale pour dresser le bilan de la phase aller à travers un regroupement des referees qui ont officié en Ligues 1 et 2 au cours des quatre premiers mois de la saison 2015-2016. Nul doute que le bilan a été jugé positif par les responsables de la structure. Comme toujours. Est-ce l'avis de tous les acteurs de l'arbitrage algérien ? Pas sûr. Les nouvelles qui remontent de la base ne sont pas bonnes et n'augurent rien de bon pour l'avenir. La gestion de l'arbitrage par la CFA est mise en cause. De plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer «la gestion de la CFA qui, en quelques mois, a dilapidé l'héritage laissé par Belaïd Lacarne». Un vieux routier de l'arbitrage précise : «Belaïd et moi ne nous entendions pas toujours, mais je lui reconnais une grande maîtrise dans la gestion de l'arbitrage. Ce qui, malheureusement, n'est pas le cas aujourd'hui.» Ce sentiment est partagé par beaucoup d'arbitres en activité qui, sous le sceau de l'anonymat, accusent la CFA de «favoritisme, passe-droit, promotion contraire au règlement de l'arbitrage pour certains, marginalisation et exclusion pour d'autres». Preuve à l'appui de ces propos : depuis deux décades, l'arbitrage algérien se débat dans des problèmes liés aux chapitres de la formation et des désignations. Lors de ses mandats à la tête de l'arbitrage, Belaïd Lacarne faisait l'objet de vives critiques au sujet de ses choix (désignations) et était taxé de régionaliste. Aujourd'hui qu'il n'est plus en fonction, ceux qui l'ont remplacé et étaient ses plus farouches détracteurs font pire en matière de désignation, comme l'attestent les chiffres suivants. Durant la saison 2011-2012, sous l'ère Lacarne, 99 arbitres du Centre ont officié des rencontres de L1 et L2 contre 80 pour l'Est et 61 pour l'Ouest. La saison suivante (2012-2013), l'ancien arbitre international et ex-président de la Fédération avait désigné 95 arbitres du Centre, 72 de l'Est et 73 de l'Ouest pour les matchs de 1re et 2e Divisions. Lors de sa dernière année à la tête de la CFA, saison 2013-2014, l'ancien joueur de l'USM Bel Abbès avait désigné, respectivement, 57 arbitres du Centre, 60 de l'Est et 59 de l'Ouest. Ces chiffres, sur trois saisons, démentent les accusations portées contre Belaïd Lacarne pour son prétendu penchant pour les arbitres de l'Ouest au détriment des autres régions. La différence avec la gestion de Khellil Hamoum sur ce chapitre est énorme au bout de la première année d'exercice de la CFA actuelle. Durant la saison 2014-2015, Hamoum a désigné 103 arbitres du Centre, 84 de l'Est et 53 de l'Ouest. Durant la phase aller de l'exercice 2015-2016, la CFA a fait appel à 93 arbitres du Centre, 67 de l'Est et 62 de l'Ouest. Cela se passe de commentaire. Délit d'initié Mieux encore. Sur les 23 arbitres interligues, qui formaient le groupe Excellence en 2014 sous la direction de Belaïd Lacarne, trois d'entre eux ont franchi la barre des 10 matchs en Ligues 1 et 2, à savoir Nabil Boukhalfa (Oran), Lahlou Benbraham (Alger) et Lotfi Bekouassa (Alger). Les deux derniers cités ont été promus au grade d'arbitre international alors qu'ils n'y ouvraient pas droit selon le règlement administratif établi par Belaïd Lacarne et adopté en juillet 2011 par le bureau fédéral. Les 20 autres arbitres du groupe d'Excellence de 2014 rongent leur frein en divisions amateurs et interrégions. Ils passent leur temps à attendre une hypothétique désignation. Que dire de ces désignations à l'emporte-pièce, à l'image de celles de Oukil désigné trois fois pour arbitrer la même équipe (Hadjout), c'est-à-dire ASK-USMMH (4e J), JSMB-USMMH (6e J) et USMMH-MCEE (13e J) ? Et les exemples sont légion depuis une saison. Un arbitre comme Bouchama (ligue de Constantine) a disparu cette saison des radars des L1 et L2 alors que l'an dernier, il avait officié plus de 20 matchs des deux Ligues. Un autre, dégoûté par les omissions répétées à son égard, n'a pas trouvé mieux que de faire l'impasse sur une désignation, la première depuis le début de saison, pour être convoqué par la CFA. Et c'était là le meilleur moyen pour lui de signifier sa déception et son désaccord avec les agissements de la commission. Pour être fixé sur l'étendue de la faillite de la politique de la CFA, il suffit de consulter le tableau des désignations des arbitres pour les rencontres de L1 et L2. Arab a été désigné 15 fois durant la phase aller, suivi de Benbraham (13 fois), Aouina, Necib et Boukhalfa (12 fois), Benouza, Bekouassa, Houasnia (11 fois), sans oublier leurs arbitres assistants. Alors que de jeunes arbitres aussi méritants que ceux qui sont choyés par la CFA croupissent dans l'oubli, les heureux élus comptabilisent les matchs arbitrés dans la perspective du décompte final, à la clôture de la saison, synonyme de sésame pour le passage au grade d'arbitre international. Dans cette optique, tous les coups sont permis. Comme celui du coup de pouce qu'un membre de la CFA a donné à son favori en récupérant, avant l'examen écrit, les questions du test programmé pour le lendemain. Un délit d'initié. L'arbitre a pris connaissance des questions plusieurs heures avant le test, il s'est bien préparé et, bien sûr, a fait un carton qui lui permet aujourd'hui de filer allégrement vers le grade d'arbitre fédéral pour la saison 2016-2017. Durant la phase aller, il a officié toutes les journées. Ce n'est pas beau. Un livre ne suffirait pas pour dénoncer les travers et les injustices commises au détriment des arbitres qui ne peuvent pas compter sur l'aile protectrice de prédateurs qui ont toujours pris en otages l'arbitrage et des arbitres. Le cauchemar est loin d'être terminé.