Une baraque sans récépissé vaut 120 000 DA, mais elle peut atteindre 240 000 DA quand le logis est recensé par les services de l'APC et grimpe jusqu'à 300 000 DA quand un document est délivré au prétendant. Mardi au petit matin, un important dispositif des forces de sécurité a été déployé au niveau du marché informel du boulevard Amiret pour délocaliser des marchands ambulants qui y ont élu domicile depuis des mois. L'opération s'est déroulée dans le calme. Yousri Doghmani, un membre de l'APC de Souk Ahras chargé de mener cette opération, a déclaré: «Ces marchands étaient initialement affectés au lieu-dit Errahba, un espace réservé à ce genre d'activités. Or, ces mêmes marchands ont squatté un autre espace public au détriment des piétons, des automobilistes, des usagers du transport en commun et de l'environnement». A noter que des arrêtés de démolition de plusieurs baraques à usage commercial ont été signés par l'autorité compétente, la semaine écoulée. Leur mise en application est dite imminente, selon d'autres sources communales. Il s'agit notamment de deux constructions de fortune au lieu-dit Trig Djedida, non loin de l'OAIC, d'au moins une dizaine de baraques érigées à la sortie nord du chef-lieu de la wilaya où se pratique la vente informelle des matériaux de construction. Les services communaux viennent de cibler dans le programme d'assainissement de la ville des carrières illicites et des transformateurs de parpaings installés illégalement aux alentours de l'Oued Medjerda. On y a décelé un exploitant qui a présenté un document falsifié. Lors d'une récente réunion, le wali de Souk Ahras a martelé à trois reprises devant les élus et des membres de l'exécutif : «Nous parlons souvent de rareté du foncier pour y implanter des projets d'utilité publique ou encourager l'investissement. Soit. Que font les constructeurs des baraques pour trouver des assiettes au moment où les responsables locaux peinent à les situer ?». Il en est ainsi de certains projets d'édifices publics et de logements en souffrance ou délocalisés. Un marché juteux A la cité Ibn Rochd et à celle de Diar Ezzerga, une baraque sans récépissé vaut 120 000 DA, mais elle peut atteindre 240 000 DA quand le logis est recensé par les services de la commune et grimpe jusqu'à 300 000 DA quand un document est délivré au prétendant. Lors des deux opérations de démolition du bidonville du POS 10, des révélations fracassantes ont été faites à la presse par des participants. On y a dénoncé la présence de baraques non habitées, d'autres occupées par des proches des élus locaux et d'autres encore inscrites aux noms de personnes résidant dans d'autres wilayas ayant bénéficié de surcroit d'autres logements à Souk Ahras. L'affaire a été rapidement étouffée par des attributions nocturnes au profit de ces flibustiers recommandés et autres qui auraient menacé de déballer documents, photos et CD des habitués des lieux. Les membres de l'APC reconnaissent tous l'existence de complicités dans la gestion de ce problème. Yousri Doghmani reconnaitra à ce sujet qu'il existe des personnes ayant bénéficié des dispositions de la loi 15/08, alors qu'ils ont construit sur des terrains communaux ou domaniaux. De leur côté, des promoteurs affectés au projet des 600 logements promotionnels se plaignent depuis des mois de 7 constructeurs illicites qui entravent les travaux. «Nous ne pouvons avancer dans la réalisation de ces projets sous peine de subir la violence des habitants de ces sept logis qui jouissent de complicités certaines à plusieurs niveaux, les détenteurs d'outils dissuasifs inclus», a déclaré l'un d'eux. On y révèle à demi-mot des cas de constructions protégées par des personnes bien introduites et d'autres qui ont déjà rentabilisé le report de leur démolition.