Outre la consommation cinématographie «hors circuits», il existe également une production locale plus ou moins artisanale qui s'écoule via le marché du DVD. Prenez le bus à la gare routière en direction d'Oran et vous découvrirez, en chemin, l'inimitable cinéma de la débrouille produit en masse dans les petits studios de l'ouest. On y retrouve certains acteurs des comédies diffusés à la télévision durant le ramadhan et d'autres plus «underground» dans des sketchs qui donnent libre court au génie populaire. Comparable au cinéma «Nollywood» nigérian (deuxième mondial de par la quantité), dans son mode de production, de distribution et de consommation, le cinéma «Bledwood» répond à une demande certaine : «Comme la nature a horreur du vide, c'est une production qui vient compenser un certain cinéma algérien populaire qui avait, aussi bien à la télévision qu'au cinéma, eu son heure de gloire entre les années 60 et 80 (Hassan Terro, L'inspecteur Tahar, Boubagra). Personnages sans qualités (en apparence)…Ce sont des produits où le petit peuple est le sujet principal avec ses préoccupations quotidiennes», écrit Hadj Miliani.* Parmi les produits les plus largement consommés de cette production à petite échelle on retrouve également les films et, surtout, les dessins animés doublés en tamazight dans le parler kabyle. Les studios de doublage situés à Tizi Ouzou ont sorti un grand nombre d'adaptations de films d'animations à l'image de Alvin et les Chipmunks devenu Li Mucucu, des Schtroumpf traduits en Iferfucen ou encore l'Age de glace kabylisé en Pucci. Plus que la simple traduction des dialogues, le doublage use sciemment des références algériennes souvent en décalage avec les références originelles. Un décalage qui ajoute à la charge humoristique du doublage et fait en grande partie le succès de ces adaptations consommés aussi bien par les enfants que par leurs parents.Deux exemples créatifs de productions locales dans les marges du marché global. *Hadj Miliani, «Bledwood ou le cinéma du pauvre à l'assaut de la mondialisation», Turath n°5, CRASC, Oran, 2005.