- Quelle évaluation peut-on faire aujourd'hui quant à l'état de la production algérienne des hydrocarbures ? Pour mieux percevoir l'évolution de la production algérienne d'hydrocarbures, il importe de distinguer le gaz du pétrole, car beaucoup moins rentable. De plus, il faut distinguer le pétrole géré par les «associés» (3 milliards de barils à Berkine) du pétrole de Hassi Messaoud (et autres gisements) géré par Sonatrach. Globalement, la production de pétrole est passée de 0,67 million de barils/jour (mbj) en 1985 (soit le niveau de 1965) à 0,8 mb/j en 2000, puis a atteint son maximum (1,35 mbj environ) vers 2007. Depuis 2007, la courbe est en déclin avec, en 2014, une production de 1,19 mbj. Cependant, la non-maîtrise de l'exploitation de Hassi Messaoud se traduit par un taux de récupération assez bas de l'ordre de 15%, contre 20 à 50% dans le monde, et ce, malgré des ressources en place très élevées. - Le déclin de la production est-il appelé à s'aggraver ? Le futur déclin dépend de plusieurs variables, dont la forme de la courbe logistique de production qui risque de décroître fortement (relation entre le ratio de production et la production cumulée). A long terme, la seule parade réside dans des programmes d'action de Sonatrach qui, grâce à une méthode de récupération assistée tertiaire appropriée et économique, permettrait de retrouver des niveaux supérieurs générant 400 à 800 000 barils/jour supplémentaires et de récupérer des dizaines de milliards de mètres cubes de gaz naturel à réaffecter à l'industrialisation du pays. - Quelles mesures faudrait-il prendre en urgence pour y remédier ? Les conséquences de ce déclin, surtout s'il n'est pas «sous contrôle», justifierait la prise en considération d'une panoplie de mesures complémentaires et indépendantes, dont un projet de récupération assistée tertiaire, la relance de l'exploration dans le Nord, une veille technologique sur la nanocatalyse (production des produits pétroliers à partir du gaz naturel), un projet d'usine de production de diethylether (un substitut du gasoil obtenu a partir du gaz naturel), la réorganisation du groupe pétrolier avec le retour aux métiers de base et une meilleure efficacité économique.