Dans cette région du sud-est, frontalière avec la Tunisie et la Libye, où se trouvent les plus grandes dunes au monde, les ressources en pétrole sont importantes. El Merk. De notre envoyé spécial
Les dunes atteignent les 300 mètres de hauteur, de véritables montagnes de sable qui cachent encore un potentiel inconnu aussi bien en pétrole qu'en gaz naturel. A la vue de ces immenses montagnes de sable, on ne se doute pas du potentiel qui existe. Il a fallu des forages importants en nombre pour finalement découvrir le pétrole que recèle le bassin de Berkine, la deuxième plus grande province pétrolière après Hassi Messaoud. Les forages dans le Bassin de Berkine, qui est frontalier avec Hassi Messaoud, ont commencé au début de l'année 1990. En mois de dix ans, une cinquantaine de découvertes avaient été réalisées. Depuis le début des années 1990, des découvertes de pétrole mais aussi de gaz naturel sont annoncées régulièrement par Sonatrach et ses associés sur le bassin de Berkine qui a commencé ainsi à apparaître comme une nouvelle province pétrolière en Algérie après celle de Hassi Messaoud. C'est au début des années 1990 que les découvertes les plus importantes ont été faites grâce à l'association de la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, et la compagnie américaine Anadarko. Un succès qui a contribué à la découverte de trois gisements géants : Hassi Berkine, Ourhoud et El Merk. Ces résultats ont permis à l'Algérie de reconstituer totalement ses réserves et dépasser le niveau des réserves de 1971. Au cours de la décennie 1990, l'association Sonatrach-Anadarko a enregistré douze découvertes. Plusieurs compagnies ont été attirées par ce succès et elles ont investi dans l'exploration avec des degrés différents de succès. Dans la salle de conférences du Groupement Berkine, situé dans la ville de Hassi Messaoud, l'administrateur général du groupement, Moussa Haouche, entouré de toute l'équipe, composée de cadres de la Sonatrach et d'Anadarko qui travaillent en parfaite harmonie selon les deux parties, nous explique que «le gisement El Merk sera géré par le Groupement» du fait de son expérience acquise dans la gestion des gisements pétroliers de Hassi Berkine du bloc 404. Le gisement El Merk du bloc 208 est l'une des grandes découvertes réalisées par Anadarko dans le bassin de Berkine. Des réserves de 1,2 milliard de barils doivent être produites à partir du gisement. L'investissement de départ est d'environ 3,5 milliards de dollars pour l'ensemble des infrastructures y compris les canalisations. Le Groupement Berkine a été créé en 1998 par Sonatrach et Anadarko pour assurer le rôle d'opérateur pour le compte de l'association avec un comité chargé de la supervision et la direction des opérations pétrolières. Deux administrateurs, l'un de Sonatrach et l'autre d'Anadarko se relaient tous les trois ans. Le travail se fait en équipe et les décisions sont collégiales, nous expliquent les deux associés. Sous des montagnes de sable se cache le pétrole Le projet El Merk sera doté d'une équipe spéciale qui va gérer le gisement. Une fois que les installations seront réalisées, le projet passera chez le Groupement qui va gérer toutes les activités des puits, nous explique Moussa Haouche. Le bloc 404 dispose de sa propre équipe. Le 3 novembre 2002, le Groupement avait réussi une expédition de 300 000 barils par jour à partir des gisements du bloc 404 de Berkine, selon les statistiques. Les trains ont été réalisés par étape de la fin des années 1990 jusqu'au début des années 2000. Le gisement El Merk est situé à 350 km de Hassi Messaoud et à 80 km du site de HBSN (Hassi Berkine). «Le démarrage de la première production de pétrole d'El Merk est prévu pour le premier trimestre 2012», selon Moussa Haouche et la réception provisoire de l'usine de traitement au mois de décembre 2012. Les champs de production vont démarrer progressivement avec un premier train en mars 2012. Sur les 73 puits forés déjà, 62 seront utilisés pour la «first oil». Il reste encore 80 puits à forer. Pour M. Dick Hart, le général manager représentant d'Anadarko, le vis-à-vis de Moussa Haouche et qui doit le relayer aussi, «l'expérience du Groupement de Berkine est un bon exemple de partenariat gagnant-gagnant» et «le projet El Merk est très important, c'est le troisième projet ou Anadarko est présente en Algérie». Anadarko considère le projet El Merk comme l'un des ses trois mega projets dans le monde. Anadarko (qui a pour partenaires Agip et Maersk) et Sonatrach ont obtenu le permis d'exploitation pour les gisements du bloc 208, par décret au mois d'avril 2003. Les 4 permis d'exploitation des gisements El Merk» (EMK), El Merk Nord (EMN), «El Merk Est (EME) et El Kheit Et Tessekha (EKT) situés dans le périmètre de recherche El Merk (bloc 208), dans la wilaya de Ouargla (bassin de Berkine), ont été accordés pour une durée de 25 ans. Interrogé sur les capacités de récupération des réserves de pétrole, M. John Rowney, directeur de développement, nous explique qu'«avec le système d'injection WAG (Water-Alternating-Gas), on améliore de plus de 10 %, le taux de récupération de l'huile», «la récupération est magnifique». Cette technique a été testée avec succès dans d'autres parties du monde. Ce système d'injection simultanée d'eau et de gaz sur un même puits améliore la récupération par rapport au système d'injection de gaz seul ou d'eau seule. L'application de ce système dépend des caractéristiques du réservoir, nous explique-t-il. Cette technologie appliquée dans le bassin de Berkine est l'autre exemple de la réussite du partenariat sur le plan technologique. La technologie du WAG fait gagner 10 % des réserves La description sommaire du projet de développement du gisement El Merk, telle que présentée par la compagnie Petrofac, prévoit deux trains de stabilisation d'huile et de condensat de 63 500 barils par jour et un train de traitement de gaz de 17 millions de mètres cubes par jour. Le système d'injection de gaz se compose de trois turbocompresseurs de 17 MW chacun, tandis que le système booster du gaz résiduaire se compose de deux turbos-compresseurs de 19 MW chacun. L'usine dispose d'un système de stockage de 300 000 barils d'huile, de 75 000 barils de condensât et de 6250 barils de GPL. Les installations que nous visitons et qui sont toujours en chantier permettront d'expédier 127 000 barils d'huile et de condensât par jour et 30 000 barils de GPL par jour, soit un total de 157 000 barils par jour. Pour les besoins d'injection et de refroidissement des installations, deux unités de traitement d'eau de 40 000 barils par jour sont en réalisation. Tous les systèmes de télécommunications pour les besoins de la production et du comptage sont intégrés. C'est au mois de mars 2009 que la Sonarach et son partenaire Anadarko, agissant pour le compte des participants au projet El Merk (ConocoPhillips, Eni, Maersk et Talisman) ont signé à Alger, des contrats de type EPC portant sur la réalisation des ouvrages destinés au traitement d'huile et du gaz humide, la récupération et l'expédition d'huile vers Haoud El Hamra via le PK0 et l'expédition des GPL et des condensât vers Gassi Touil via les canalisations NH2 et LR1 respectivement. Les contrats, au nombre de quatre, avaient été signés avec Petrofac pour le lot portant sur la réalisation des installations de traitement d'huile, condensât et récupération de GPL et intégration du système de télécommunications. Le contrat portait sur une valeur globale de 2266 millions de dollars équivalents, avec la joint-venture ABB / Sarpi/ Petrojet pour les lots portant sur la réalisation des réseaux de collecte et desserte pour un montant de 673 millions de dollars équivalents et avec Kahrif pour le lot des lignes de transport d'énergie électrique pour un montant de 99 millions de dollars équivalents. Avec Siemens, le contrat avait été signé pour le lot du poste blindé pour un montant de 27,15 millions de dollars équivalents. Dans un deuxième temps et au mois d'octobre 2009, l'association Sonatrach-Anadarko avait signé un contrat de 149,755 millions de dollars avec la compagnie italienne Spa Bonatti. Le contrat portait sur la réalisation de trois ouvrages de transport pour l'expédition du pétrole brut, du condensât et du GPL. Le premier ouvrage est un pipe de 160 km de long et de 18'' qui doit transporter du condensat du centre de production El Merk jusqu'au raccordement sur le réseau de transport à Gassi Touil. Le deuxième ouvrage est un pipe de 160 km et de 16'' qui doit transporter du GPL d'El Merk jusqu'au réseau à Gassi Touil. Le troisième ouvrage est un pipe de 70 km de long et de 20'' qui doit transporter de l'huile d'El Merk jusqu'à Haoud El Hamra, via le centre de stockage d'huile à PKO. L'étendue du gisement et les distances qui séparent les puits producteurs des installations de développement et d'expédition vers le nord du pays ainsi que l'importance du projet et la complexité du système de production avec trois produits différents, pétrole, condensât et GPL expliquent le nombre de contrats et celui des intervenants pour respecter les délais de livraison, selon les opérateurs du gisement. La surface globale où est situé le projet serait de 936 kilomètres carrés, selon un cadre de l'association Sonatrach-Anadarko. Les gisements qui ont été découverts entre 1993 et 1998 sont situés dans un environnement difficile où se trouvent des dunes qui sont considérées comme les plus hautes dans le monde. La complexité des réservoirs a reporté le développement du gisement surtout que l'association Sonatrach-Andarko était aussi occupée à développer les autres gisements pétroliers découverts à la même période, de Hassi Berkine et d'Ourhoud. Une nouvelle initiative pour la formation des jeunes chômeurs La préparation du terrain où se trouvent les installations de production et qui devait permettre une stabilisation dynamique de l'assiette a nécessité la mobilisation d'un nombre impressionnant d'engins et de camions poids lourds, selon un cadre de Sonatrach. Le travail a été effectué par GCB, la filiale de Sonatrach. Selon M. Phil Green, responsable de Petrofac sur le site de l'usine, le taux de réalisation pour les installations était de 70,8% au 4 février 2011. Près de 3000 personnes travaillent sur le site dont la majorité seraient des Algériens. Le pic devrait mobiliser 6500 personnes. La compagnie prévoit d'injecter plus de personnel et sera plus agressive pour terminer le projet à temps, nous explique-t-il. Une nouveauté dans ce projet : à la suite d'une proposition du PDG de Sonatrach, Nordine Cherouati, faite lors d'une réunion avec Petrofac, la compagnie a lancé un centre de formation pour les jeunes de la région. Le centre que nous fait visiter Bada Lahcène, directeur de l'ensemble du projet et qui supervise le suivi de toutes les opérations de l'ensemble des sociétés contractantes, a nécessité un investissement de 7 millions de dollars. Un accompagnement du projet El Merk et qui a démarré déjà avec 5 sessions de 15 stagiaires du niveau de la 4e année moyenne à la terminale dans les spécialités de la soudure, de l'instrumentation mécanique et des spécialités demandées dans la construction des installations pétrolières.