La philatélie algérienne a toujours tenté de coller, tant bien que mal, à l'actualité. Surtout lorsqu'il s'agit d'événements officiels, pompeusement parrainés et bénis par les personnalités au pouvoir. C'est le cas de la première Constitution de l'Algérie, surnommée par ironie «Constitution de Ben Bella» et dont l'histoire demeure inédite. Le 31 juillet 1963, Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie indépendante, réunit 300 délégués du FLN au cinéma Majestic, à Alger (actuel Atlas) pour leur proposer le texte de la nouvelle Constitution. Bien qu'elle soit approuvée, puis adoptée par référendum le 8 septembre 1963, la nouvelle Constitution, mal accueillie avant même sa naissance, a provoqué de vives réactions de la classe politique. D'abord, il y eut la démission de Ferhat Abbas de la présidence de l'Assemblée constituante, mais aussi la forte opposition des personnalités historiques, à l'instar de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed et Krim Belkacem, suite à l'instauration du FLN comme parti unique. Cela n'empêchera pas cet événement d'être célébré pour la première fois dans l'histoire de la philatélie algérienne, sur un timbre-poste d'une valeur faciale de 0,25 DA, émis le 13 octobre 1963, dessiné par le célèbre Ali Ali-Khodja, et tiré à 500 000 exemplaires par l'imprimerie des PTT de Paris. Mais la «malheureuse» Constitution ne survivra pas plus de 21 mois. Elle sera suspendue et «enterrée» après le coup d'Etat du 19 juin 1965, comme ce fut le cas pour Ben Bella aussi. Malgré cela, le timbre était encore en circulation dans les bureaux de poste et ne sera retiré «officiellement» que le 19/11/1966, soit plus d'une année après. Sans Constitution, l'Algérie sera gouvernée par 26 membres d'un conseil de la Révolution, dirigé par le défunt colonel Houari Boumediène. Après 11 ans de règne «absolu», Boumediène décidera enfin de «revenir à la légitimité constitutionnelle», en proposant une deuxième Constitution adoptée par référendum le 18 novembre 1976. Un événement illustré sur un timbre-poste dessiné par Mohamed Temmam, émis le 19 novembre 1976, soit un mois avant l'investiture de Boumediène comme président de la République. La «Constitution de Boumediène», qui aura cependant la vie dure (12 ans), ne résistera pas aux «fortes secousses telluriques» des événements d'Octobre 1988. Devant la grogne populaire, le défunt Chadli Bendjedid finira par décider de réformes politiques. La troisième Constitution de l'Algérie naîtra dans la douleur. Elle sera adoptée par référendum le 23 février 1989. Comme un enfant mal-aimé, on a oublié de la célébrer sur timbre-poste. Une première depuis 1962. Ce ne sera que le 23/2/1991 qu'on s'est rappelé de son existence pour lui consacrer un timbre à l'occasion de son second anniversaire, ce qui est déjà très curieux. La figurine, dessinée par Kamreddine Krim, a été émise le 23/2/1991. Un timbre vraiment moche à mettre aux oubliettes. Mais il est dit que le mauvais sort semble s'acharner sur les Constitutions algériennes. Moins de trois ans après son adoption, la «Constitution de Chadli», qui devait apporter un souffle de démocratie en Algérie, sera suspendue par les militaires, après le coup de force des Janviéristes et «la destitution ou la démission», l'histoire le confirmera un jour, de Chadli le 11 janvier 1992. Quatre ans après, Liamine Zeroual, élu président le 16/11/1995, soumettra aux Algériens la quatrième Constitution de leur histoire. Elle sera adoptée par référendum le 28/11/1996. L'événement, passé presque dans l'anonymat, sera illustré sur timbre-poste dans une série de cinq timbres se tenant, émise le 30/12/1997 dessinée par Kamreddine Krim, pour célébrer «le parachèvement de l'édifice institutionnel». L'histoire des Constitutions en Algérie ne s'arrêtera pas là. Après avoir modifié la «Constitution de Zeroual» en 2002, puis en 2008 pour s'assurer plus de deux mandats, Abdelaziz Bouteflika a décidé lui aussi de faire adopter sa «Constitution» adoptée dimanche dernier. Histoire de marquer son nom dans le long et douloureux feuilleton des Constitutions en Algérie.