Comme dans la vie politique, l'élection présidentielle est un thème qui a trouvé sa place dans l'histoire de la philatélie algérienne. Et comme dans chaque histoire il faut un début, c'est sous l'ère du défunt président Houari Boumediene que fut émis, le 16 décembre 1976, le premier timbre commémoratif de l'élection présidentielle. Un timbre très sérieux et surtout très beau réalisé par le prolifique Mohamed Temmam, illustrant pour la première fois un texte sur l'élection du président de la République, avec en arabe la mention «Frère Houari Boumediene» et une traduction en français sans ladite mention. D'une valeur de 2 DA, le timbre a été tiré à un million d'exemplaires (ce qui était déjà important à l'époque), et a été imprimé chez le Suisse Courvoisier. Décédé après deux ans de règne, Boumediene aura pour successeur Chadli Bendjedid. Ce dernier aura droit aussi à un timbre, comme son prédécesseur. Aussi étrange que cela puisse paraître, le timbre commémorant l'élection de Chadli, émis le 10/2/1979, sera une copie conforme à celui de Boumediene, avec le même dessin, la même bordure, le même format, la même dentelure, la même valeur, le même tirage, le même dessinateur, le même imprimeur et le même texte, sauf qu'à la place du «Frère Boumediene», Temmam a placé «le Frère Bendjedid». Pour l'anecdote, ce timbre a été émis après deux autres commémoratifs, l'un illustrant le fameux congrès du FLN du 25/1/1979 qui a désigné Chadli comme candidat, puis le second célébrant le 40e jour du décès de Boumediene. Les deux timbres ont été réalisés par Temmam dans le même moule que les précédents. Ce sera la dernière fois que le nom d'un Président a été clairement mentionné sur un timbre-poste. Comme l'histoire est souvent «tragique», il faudra attendre plus de 13 ans pour voir la photo officielle d'un Président sur un timbre-poste. Ce sera celle du martyr Mohamed Boudiaf. Ce dernier a eu droit à deux timbres à son effigie, illustrant son portrait, émis le 1/11/1992, soit quatre mois après son assassinat à Annaba, lui qui n'a pas été timbrifié lors de son investiture. Son successeur, Ali Kafi, n'aura droit à aucun hommage à ce jour. L'histoire se poursuit et les innovations se multiplient. Le 30/12/1997, la Poste a eu l'idée très géniale et inédite de commémorer plusieurs événements dans une seule émission de 5 timbres se tenant, d'une valeur de 5 DA chacun, réalisés par Kamerdine Krim. On y trouve la mémorable élection du 16/11/1995, avec l'illustration de l'urne, le Coran, le symbole de l'Etat algérien et l'emblème national, dans un style allégorique cher à Krim, mais aucune mention de Liamine Zeroual. Cette nouvelle tradition, celle de ne pas citer les noms des futurs Présidents, sera perpétuée jusqu'à ce jour. Krim sera relayé par Sid-Ahmed Bentounes (SAB) qui reprendra, à quelques détails près, le timbre de Boumediene de 1976, avec un changement du fond et de la couleur, pour commémorer l'élection du 15/4/1999, qui a vu «le sacre» de Bouteflika, après le retrait spectaculaire de tous les candidats la veille du scrutin. Comme les idées géniales ne manquent plus, la Poste innove encore une fois, en émettant à l'occasion de la présidentielle de 2004 le premier timbre en relief dans l'histoire de la philatélie algérienne, représentant le palais d'El Mouradia, dessiné par SAB. Le même SAB signera le timbre de l'élection de 2009 en reprenant le sceau officiel de l'Etat sans aucune mention. En 2014, c'est Krim qui se chargera d'illustrer la très controversée présidentielle marquée par la 4e candidature de Bouteflika. Une illustration qui fera le come-back du classique thème de l'urne, de la carte de l'Algérie et de l'emblème, avec toutefois une nouveauté assez amusante : c'est l'apparition pour la première fois de la silhouette d'un homme en noir, debout devant un pupitre. Ce qui peut supposer qu'il s'agit de la cérémonie de prestation du serment. Or, Bouteflika a voté sur une chaise roulante. La même sur laquelle il a prêté serment devant les caméras de télévision et les millions d'Algériens.