Le quotidien El Watan a été lancé le 8 octobre 1990, dans le sillage des réformes politiques, par vingt journalistes regroupés dans la SPA El Watan. Le tirage moyen est de 150 000 exemplaires par jour, avec un taux d'invendus de 12%. C'est la meilleure vente de la presse francophone. Premier journal indépendant du matin à être édité en Algérie, il a basé sa ligne éditoriale sur un traitement objectif de l'information, en développant des analyses pertinentes, une vérification rigoureuse des informations publiées et un souci constant d'ouverture à l'ensemble des sensibilités politiques du pays, notamment celle de l'opposition démocratique. El Watan est devenu également un lieu de débat et de réflexion pour les intellectuels algériens et une tribune permanente de discussion des questions de démocratie et des choix économiques et sociaux du pays. Pour toutes ces raisons, le quotidien a été frappé d'une suspension en janvier 1993 et six de ses journalistes, dont le directeur de la publication, ont été arrêtés et jetés en prison. Il a également été interdit de publication pour 15 jours en décembre 1994 et à deux reprises en 1996. Il a été interdit pour un mois en septembre 1998. Le harcèlement politico-judiciaire a été constant. Le directeur de la publication est poursuivi pour plus d'une centaine d'affaires et plusieurs fois condamné à des peines de prison. En lui refusant l'accès à la publicité publique et institutionnelle, les pouvoirs publics ont tenté d'étouffer financièrement et commercialement El Watan qui a résisté grâce à la solide réputation, qu'il s'est façonnée auprès des opérateurs publics et privés. La SPA El Watan a créé une agence de publicité et participé à la mise sur pied de coopératives de distribution de journaux. En partenariat avec le quotidien El Khabar, El Watan a acquis des rotatives à Alger, Oran et Constantine, qui lui ont permis d'améliorer substantiellement la qualité d'impression en introduisant également la couleur. Cette indépendance économique et industrielle a renforcé l'autonomie éditoriale du journal. El Watan s'est enrichi également, au plan éditorial, avec la publication de trois suppléments hebdomadaires (Economie, Télévision et Immobilier). Le quotidien est distribué en Algérie sur l'ensemble du territoire national et également à l'extérieur du pays, comme la France, les Etats-Unis d'Amérique et le Canada... Dans le panorama de la presse algérienne, El Watan se distingue par sa vocation à la fois nationale et régionale. Des rédactions régionales et locales ont été mises sur pied à travers l'ensemble du territoire national. Depuis quelques années, El Watan a fait le pari de l'information de proximité en lançant des éditions régionales pour l'est du pays à partir de Constantine, pour l'ouest du pays à partir d'Oran et pour la Kabylie à partir de Tizi Ouzou et Béjaïa. Ces éditions s'étoffent régulièrement et s'intéressent à ce qui fait la vie concrète des Algériens. Le choix de donner une place importante aux informations nationales, aux questions de société, aux faits politiques, économiques, sportifs et internationaux et la réhabilitation de l'enquête et du reportage ont renforcé de manière substantielle la crédibilité et l'audience d'El Watan. El Watan défend des valeurs qui prennent racine dans la promotion de la démocratie, la liberté d'expression, le respect des droits de l'homme et la justice sociale. Depuis son lancement en 1990, El Watan est au service exclusif de ses lecteurs, malgré les entraves, les difficultés. Les épreuves imposées par le contexte politique n'ont pas eu raison de cette farouche détermination à poursuivre l'aventure intellectuelle. El Watan s'impose, en matière de traitement de l'information, un respect scrupuleux des faits et des personnes, selon les règles de la profession. Le devoir de relater les faits, même ceux qui mettent en cause les plus puissants, a un prix. C'est le prix à payer pour que la liberté de presse ait un sens dans notre pays. Omar Belhouchet 3 juin 2008