Le pacte d'actionnaires qui devait être signé hier, en marge du Comité intergouvernemental algéro-français de haut niveau, en vue du lancement du projet de l'usine de montage Peugeot-Citroën (PSA) a finalement été reporté. La cérémonie de signature était pourtant bel et bien prévue dans le programme préparé par la partie algérienne avant l'arrivée, à Alger, de la délégation française présidée par le Premier ministre Manuel Valls. Un report qui serait du à des «différends» de dernière minute sur certains détails de l'accord, dont notamment «le volet management», à quelques heures de la finalisation de l'accord et de son officialisation. Un rebondissement qui a, de toute évidence, obligé le ministre de l'Industrie et des Mines à reporter l'annonce de la signature du pacte d'actionnaires. Lors de son intervention à l'ouverture du Forum économique tenu en marge du Comité bilatéral de haut niveau, Abdessalem Bouchouareb a annoncé que l'accord sera signé dans un «proche avenir». Un report qui rappelle les tergiversations qui ont précédé la signature, en 2012, de l'accord avec le constructeur automobile français Renault. Un projet autour duquel les négociations ont traîné en longueur et dont la signature a été annoncée et reculée à maintes reprises, avant d'être finalement concrétisée. Le même scénario est en train apparemment de se reproduire pour le projet de Peugeot, malgré les assurances données, il y a quelques mois, par le ministre de l'Industrie et des Mines quant à la concrétisation rapide du projet. L'annulation inattendue de la signature de la joint-venture a, en tout cas, clairement érodé la consistance du contenu économique de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français. Les quelques accords signés, hier, dans un foisonnement de discours politiques volontaires n'ont pas suffi à donner l'ampleur attendue à cette nouvelle rencontre algéro-française et au partenariat de qualité tel qu'il est décrit par les responsables des deux pays. Le constat économique est d'autant plus mitigé que d'autres accords importants, maintes fois annoncés, sont toujours en phase de négociation. Il s'agit notamment du projet devant lier le groupe industriel public national des industries métallurgiques IMetal et le français Air Liquide, pour la création d'une société mixte de production de gaz industriels pour les besoins des usines de sidérurgie d'El Hadjar (Annaba) et de Bellara (Jijel), ou encore le projet pétrochimique prévu entre le groupe Sonatrach et le groupe français Total, autour duquel «les négociations se poursuivent», selon ce qu'a annoncé hier le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Le Premier ministre français, Manuel Valls, a indiqué hier, dans le discours prononcé à l'ouverture du Forum économique organisé en marge du Comité bilatéral, que «500 entreprises françaises sont installées en Algérie et que pas moins de 6000 autres sont exclusivement orientées vers le commerce» avec notre pays. Des chiffres qui dessinent parfaitement la nature de la relation économique algéro-française encore trop axée sur le commerce au détriment de l'investissement direct en Algérie ainsi que sur les hydrocarbures qui représentent 94% des exportations algériennes vers la France. Hier en tout cas, les cérémonies de signature ont été vite expédiées puisqu'il n'y a eu que trois accords paraphés en présence de hauts représentants des deux pays, dont les Premiers ministres Sellal et Valls. Il faut savoir que l'Algérie et la France ont signé trois accords de partenariat dans les secteurs du transport ferroviaire et de l'agroalimentaire. Le premier protocole d'accord concerne la création d'une joint-venture pour la production d'engrais phosphatés et d'aliment de bétail en partenariat entre l'entreprise Manadjim El Djazaïr (Manal), filiale du groupe Asmidal, et le groupe français Roullier. Le deuxième accord porte sur l'extension de l'activité de l'usine d'assemblage et la maintenance de tramways (Cital), inaugurée en mai 2015, à l'engineering, la fabrication et la maintenance d'autorails en vue de destiner une partie de la production à l'exportation. La joint-venture met en relation l'Entreprise de construction de matériels et d'équipements ferroviaires (Ferrovial), l'Entreprise du métro d'Alger (EMA) et la société française Alstom. Quant au troisième accord signé entre le français Lesieur et le groupe algérien Djaadi, il porte sur la création d'une usine pour la production industrielle, le conditionnement et la commercialisation en Algérie et à l'international des produits de la marque Lesieur (groupe Avril), spécialisé dans l'agroalimentaire.