L'Union des étudiants algériens de France (UEAF) a organisé, les 7 et 8 avril, les Journées maghrébines à l'université Paris 8. Cette initiative, selon le syndicat estudiantin, se veut une occasion de rencontre et d'échange entre les jeunes de la diaspora maghrébine en France autour de «la construction d'un Maghreb des peuples» et la manière dont la jeunesse peut y contribuer. Ainsi, une conférence-débat a été consacrée au «Militantisme et les jeunes au Maghreb : bilan des cinq dernières années». Animé par de jeunes Algériens, Marocains et Tunisiens, le débat a porté particulièrement sur les espoirs d'une démocratisation du Maghreb, condition essentielle pour son unification, en s'inspirant de la transition tunisienne post-révolution de 2010-2011, malgré les difficultés qu'elle rencontre. Dans ce sillage, Mohamed Jaite, militant de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) et du mouvement 20 Février, a souligné l'importance de l'effet de contagion de la révolution tunisienne dans «la création d'une dynamique d'engagement politique parmi la jeunesse marocaine». Préférant l'appellation «printemps démocratique» à celle de Printemps arabe, Mohamed Jaite est optimiste quant à l'avenir de la lutte démocratique dans son pays. «Nous avons réussi à bousculer un peu le statu quo et remettre en cause publiquement plusieurs principes sacralisés par la monarchie. Nos manifestations ont été souvent réprimées mais le plus important, c'est que nous n'avons plus peur. Nous arrivons à imposer nos propres thèmes dans le débat public», a-t-il indiqué. De leur côté, Elyes Mejri et Sanaa Mharoug, jeunes militants tunisiens, ont essayé de faire le «procès» de leur expérience révolutionnaire et démocratique. «La jeunesse tunisienne continue de mener la lutte et entretient le processus révolutionnaire, car les vraies raisons de la Révolution sont encore perceptibles aujourd'hui à cause du chômage, de la crise économique et de la précarité sociale», regrette Elyes qui prône une révolte artistique et culturelle. Sa compatriote, partageant certes le même constat, préfère néanmoins ne retenir que le positif : «Depuis la révolution, la jeunesse tunisienne prend de plus en plus conscience de sa responsabilité dans le changement démocratique et la construction d'un véritable Etat de droit.» Concernant l'Algérie, Salah Menia du collectif Massira considère que «le pouvoir algérien fait tout pour dépolitiser la jeunesse», particulièrement depuis 2011, car elle lui fait peur. «Les jeunes sont la source d'où peut émerger la concrétisation d'un réel projet de changement», a-t-il estimé. Il a insisté, par ailleurs, sur l'importance de «la marge de manœuvre dont dispose la jeune diaspora algérienne en Europe pour contribuer à la démocratisation en Algérie, à condition qu'elle reste connectée aux réalités sociale, économique et politique du pays». Bilel Latbi, secrétaire général de l'UEAF, a conclu les interventions en rappelant que son organisation «participera toujours à la sensibilisation de la communauté algérienne en France par rapport à la nécessité de la démocratisation du pays. Nous soutenons aussi toutes les initiatives citoyennes en Algérie allant dans ce sens». L'assistance a été ensuite conviée à découvrir les toiles de l'artiste-peintre algérienne Karima Ababou. La soirée du vendredi a été conclue en beauté par un concert de musique moderne kabyle. Ce gala de soutien aux étudiants sans papiers a vu la participation de Belaïd Branis, du groupe Andaz Uzzal, ou encore Med Chaâbi.