Le tour de manivelle du film Ibn Badis sera donné le 15 mai 2016 à Alger. Le long métrage, qui sera réalisé par le Syrien Bassil Al Khatib, d'après un scénario de Rabah Drif, est une production du Centre algérien du développement du cinéma (CADC) et le département cinéma de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe». «Nous débutons cette semaine les préparatifs de la production du film», a annoncé Chahinaz Mohamadi, directrice du CADC, lors d'une rencontre avec les journalistes samedi au Centre international de presse (CIP) à Constantine. «Le film sur Ibn Badis n'est pas uniquement un projet historique et culturel, mais national. Nous sommes les enfants d'une seule culture et d'une seule histoire. Les différences qui existent entre nous sont superficielles. Nous allons réaliser un film sur un homme que nous connaissons. Nous connaissons aussi l'histoire de son pays. Une histoire dont nous sommes fiers», a déclaré Bassil Al Khatib. Il a précisé que le biopic sur Abdelhamid Ibn Badis sera concentré sur les «étapes clefs» de sa vie. «Le choix sera fait en concertation avec le scénariste. Donc, le film ne va pas raconter la vie d'Ibn Badis. Une vie riche en événements et en activités», a soutenu le cinéaste. Pour Rabah Drif, le film doit montrer la personnalité charismatique du fondateur de l'Association des oulémas musulmans algériens. «Nous allons essayer de braquer les lumières sur des aspects méconnus de la vie d'Ibn Badis. Le film ne donnera pas une leçon d'histoire. Ce n'est pas un documentaire. Il y a une grosse part de fiction dans ce film», a précisé Rabah Drif qui a écrit également un feuilleton de 30 épisodes sur la vie d'Ibn Badis qui sera produit par l'ENTV. «J'espère que l'ENTV et le producteur exécutif prendront au sérieux le projet du feuilleton en respectant le texte et en évitant l'improvisation», a-t-il dit. Le choix des comédiens se fera après un casting qui a débuté hier lundi. Bassil Al Khatid a déclaré que son casting sera à 100% algérien. «Nous allons choisir des comédiens connus et des débutants. Nous voulons donner la chance aux jeunes talents. En ce sens, je pratique la même méthode qu'en Syrie. Le casting, le choix des costumes et des décors se feront durant un mois. Le tournage se fera en Algérie. Nous allons recourir parfois au ‘‘graphic'' pour la reproduction de décors de pays étrangers, là où Ibn Badis s'est rendu. Je veux présenter un film algérien », a relevé le cinéaste qui a visité la maison où vivait l'imam et l'homme de savoir constantinois. Le scénariste a consulté 250 ouvrages et documents relatifs au mouvement réformiste musulman et à la vie d'Ibn Badis. «J'ai lu des archives françaises dont des rapports de la police secrète qui n'avait pas arrêté de surveiller Ibn Badis de 1928 et jusqu'à sa mort en 1940. Nous allons aborder dans le film la tentative d'assassinat contre lui», a précisé Rabah Drif. «Il ne faut pas prendre des risques avec des personnalités et des symboles nationaux. Après tout, Ibn Badis est un film financé par l'Etat. La fiction qui sera développée dans le long métrage est en relation étroite avec les réalités de l'époque ibn badissienne. L'histoire peut ne pas s'écrire directement, mais d'une autre manière», a-t-il ajouté. Pour Bassil Al Khatib, tout travail artistique a besoin de fiction et d'imagination. «Tout le monde sait que le réalisme ne signifie pas que des événements ont réellement eu lieu. Le réalisme est ce que l'esprit accepte comme événements qui se sont déroulés dans un contexte historique précis. Nous n'allons pas refaire vivre l'époque d'Ibn Badis d'une manière folklorique, mais nous allons axer le travail sur le combat religieux, intellectuel, humain et patriotique de l'homme. Il est clair que nous allons avoir des difficultés pour créer l'univers visuel de l'époque. Nous allons, toutefois, réunir toutes les conditions techniques et artistiques pour le tournage», a promis Bassil Al Khatib, connu surtout pour ses travaux pour la télévision, et qui s'est intéressé ces dernières années à la situation dramatique de la Syrie dans ses films Myriam et Al Oum. Syrians (Syriens), son dernier film sorti début mars à Damas, braque le regard sur les violences qui martyrisent la Syrie depuis cinq ans.