Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré, à Tripoli, que son pays entraînera les soldats et les policiers libyens en dehors de la Libye. La Tunisie est en train de réviser sa législation pour réglementer la présence de soldats étrangers sur ses terres. Cela fait déjà plus d'un mois que le ministre tunisien de la Défense nationale, Ferhat Horchani, a confirmé l'existence de discussions avec l'Allemagne pour la formation des forces de sécurité libyennes sur le territoire tunisien. «Nous avons été sollicités par l'Allemagne et nous sommes d'accord sur ce principe», a-t-il déclaré aux médias, le 1er mars dernier. Et d'ajouter : «Il s'agit là d'une forme de participation tunisienne à la reconstruction de la Libye.» M. Horchani a par ailleurs affirmé que la Tunisie va soutenir le gouvernement d'union nationale pour étendre son autorité et former son armée. Cela va donc dans le même sens que les propos du ministre allemand des Affaires étrangères. Le ministre tunisien a annoncé que des textes de loi sont en cours de préparation pour établir un cadre juridique adéquat régissant les relations bilatérales avec les pays amis afin de permettre la présence de navires, de forces étrangères et autres techniciens en Tunisie, dans le cadre de la formation des forces armées tunisiennes. Ces mêmes textes, une fois adoptés, permettront, également, à la Tunisie d'envoyer des forces à l'étranger dans le cadre d'accords bilatéraux. Par ailleurs, M. Horchani a précisé que le texte juridique relatif à la coopération sera soumis à l'Assemblée des représentants du peuple, car, dit-il, la présence militaire étrangère sur le territoire tunisien nécessite l'élaboration d'un texte dans ce sens. Du côté européen, une volonté est affichée de mettre sur pied des unités réglementaires au sein de l'armée et de la police libyennes afin de parer à l'omniprésence des milices sur le territoire. Une visite de représentants des ministères allemands de la Défense et des Affaires étrangères a été déjà effectuée en Tunisie afin d'étudier cette éventualité. Dans ce cadre, un camp d'entraînement est prévu en Tunisie pour les soldats libyens. La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a expliqué à l'hebdomadaire allemand BildamSonntag qu'un camp d'entraînement contribuerait à la stabilité de la région fortement menacée par la présence des groupes terroristes et notamment Daech. Protection des frontières Sur un autre plan, le ministre tunisien de la Défense a assuré que la Tunisie reste opposée à toute intervention étrangère en Libye. Son pays est toutefois en train de se doter d'un système de défense complémentaire et intégré dans le sud du pays basé sur trois dimensions. Le ministre a précisé que ce système englobe le mur isolant, le contrôle électronique mis au point avec la coopération de spécialistes américains et allemands, ainsi que le recours aux drones qui surveilleront les frontières terrestres et maritimes de la Tunisie avec la Libye. Par ailleurs, le ministre de la Défense a déclaré que les relations historiques entre les deux peuples (tunisien et libyen) ne peuvent être affectées par l'actuelle lutte antiterroriste. «Il s'agit juste d'empêcher les terroristes de profiter de la faiblesse de l'Etat et de la prolifération d'armes en provenance de Libye», a dit le ministre. Il a rappelé que la barrière de sable, érigée par l'armée tunisienne à la frontière, a déjà permis de limiter le trafic d'armes, sans que cela n'entrave la circulation des biens et des personnes.