La plateforme Semsem (Services pour l'employabilité et la mobilité sous forme de stages en entreprises des étudiants du Maghreb/Machrek), est une matrice expérimentale qui entrera en activité en juillet 2016. Une allusion au «sésame» du vieux conte Ali Baba et les quarante voleurs. Semsem est le mot magique qui ouvre la porte du trésor... Ludique ou tragicomique, il convient, tout euphémisme mis à part, de mesurer l'ampleur de cette initiative et de gager sur ses éventuels apports. Le projet qui fait sienne l'ambition de moderniser l'enseignement supérieur dans les pays du Sud intervient en fait suivant les promptes directives définies par la Commission européenne (Bologne, Bergen, Lisbonne) afin de «favoriser leur convergence avec l'espace européen de l'enseignement supérieur». Et puisqu'il s'agit de stages, le programme s'articule autour des mécanismes liés à l'employabilité et à la rapidité d'insertion professionnelle des jeunes diplômés. Selon Mohamed Nadjib Kazi Aoual, coordinateur du projet Erasmus+ Coffee, «les problèmes identifiés et les solutions préconisées en Algérie, au Liban, au Maroc et en Tunisie, bien que présentant des degrés divers d'acuité, sont identiques». C'est une autre raison qui a fait que le programme Semsem a pris une dimension régionale (Algérie, Liban, Maroc, Tunisie, Allemagne, Espagne et France). «La plateforme Semsem, en mutualisant offres et demandes de stages en provenance des sept pays, va amplifier la coopération Sud-Sud en encourageant la mobilité internationale», a-t-il precisé. Aide à la candidature et mobilité Outre le fait de constituer une interface entre les établissements d'enseignement, les étudiants et les entreprises, la plateforme Semsem viendra simplement en aide aux étudiants isolés des réseaux relationnels comme un moteur de recherche spécialisé. Dans un second temps, l'architecture de la plateforme dotera les tenants du secteur d'outils standardisés pour assurer le suivi et l'évaluation des stagiaires. Ainsi, dans le but d'aider les étudiants à la recherche de stages ou d'un premier emploi, une partie «aide à l'insertion professionnelle» sera insérée dans la plateforme consultable sur internet où les étudiants pourront, en fonction de leurs besoins, trouver une aide à la rédaction des CV, lettres de motivation, lettres de négociation de stage ou d'emploi, entretiens de recrutement... «Ces ressources seront accessibles aux étudiants qui pourront s'en inspirer pour produire leurs propres documents», préconisent ses concepteurs. Outre la disponibilité, les pédagogues n'ont pas tendance à favoriser les approches culturelles et psycologiques liées à un départ à l'étranger. Pour parer à ce déficit, Semsem propose d'aider les étudiants à préparer leur mobilité. Une partie «préparation logistique et culturelle» est prévue par la plateforme afin de fournir, en amont, une préparation adéquate au départ sur les plans logistique et culturel. Traduits et testés par les industriels et les étudiants, des «outils de préparation culturelle et linguistique» ainsi que des documents informatifs sur les sept pays seront disponibles sur le site. Réforme Le programme tend à la fois d'asseoir une matrice structurelle pour la sous-région et d'imposer, ce faisant, une charte qualité. Selon les concepteurs du projet, c'est à la suite de multiples consultations avec les ministères de quatre pays — dont l'Algérie en 2013 — que le programme a été construit. Les états approchés avaient unanimement affiché leur intérêt à s'allier à l'initiative et à adopter la charte de stages de qualité et les outils proposés par Semsem, ainsi que les indicateurs prévus, qu'ils considèrent comme des outils à utiliser dans leurs préconisations. Les résultats pourraient aller d'une simple recommandation ministérielle officielle à une circulaire et à l'instauration d'une contrainte nouvelle au niveau des habilitations nationales des formations. Dans cette perspective, le projet Semsem a prévu une validation par les ministères de l'Enseignement supérieur au fur et à mesure des résultats. Ainsi, un plan de gestion des risques et des conflits et un tableau de bord détaillé avec des indicateurs de progrès sont proposés pour être validés puis signés par tous les partenaires, en même temps que l'accord de partenariat. Le contrôle et le suivi de la qualité seront faits par une évaluation interne, mais une autre évaluation externe sera réalisée par un cabinet d'audit tiers pour mesurer le degré d'assimilation des parties prenantes à cette alliance. Le lancement du site Semsem est prévu pour juillet prochain. Qageons qu'il profitera bien aux étudiants et aux futurs stagiaires.