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Coffee vise à mettre sur le marché du travail des diplômés employables Mohamed Nadjib Kazi Aoual. Coordinateur Coffee Erasmus+ Algérie, université de Montpellier
Par quels arguments et à travers quelle approche le projet co-construction d'une offre de formation à finalité d'employabilité élevée (coffee) compte-t-il réhabiliter les formations bac+3, boudées par les étudiants, même si elles «professionnalisantes» ? Il s'agit en un premier lieu de réhabiliter les licences professionnelles (lp) qui correspondent pourtant à un besoin réel, celui de la disponibilité de cadres moyens, et qui peuvent donc aboutir plus aisément à des débouchés professionnels. L'employabilité est au cœur de notre approche, la notion d'employabilité élevée garantie par une reconnaissance documentée et dynamique des besoins précis des employeurs favorisera certainement les diplômés dont l'objectif est bien d'entamer une carrière au plus vite. bien mieux que les cursus de niveau élevé LMD, qui semblent drainer plus d'étudiants, méconnaissant leurs compétences et leurs ambitions réelles et assez crédules pour se retrouver à la fin d'un cursus inadéquat, dans la catégorie des surdiplômés sous-employés. Les 18 licences-pilotes que le programme coffee compte initier à l'université, outre le rapprochement concret avec les professionnels, seront, de par leur co-construction, des formations d'excellence dont la finalité est de mettre sur le marché du travail des diplômés employables, selon une démarche qui met en visibilité la relation entre diplôme, compétence et emploi. L'employabilité des diplômés reste une finalité plus ou moins floue depuis l'avènement du LMD. Comment intégrer ce paramètre dans la définition et la construction d'une offre de formation ? D'abord en étant plus attentif aux besoins du secteur économique, mais aussi par la formation de spécialistes pour la définition de ces licences, notamment par une approche dite APC (approche par les compétences). Cela passe, entre autres dispositions, par la création de répertoires de formations, de compétences et de métiers pour garantir une bonne lisibilité et une meilleure mise en relation de l'offre et de la demande La notion d'employabilité sera concrètement intégrée et bien au-delà renforcée par un ensemble d'enseignements transversaux dont une bonne part sera inculquée en entreprise, notamment par des stages mieux définis, où l'effort pédagogique des enseignants rejoint l'implication de cadres professionnels pour favoriser une immersion précoce de l'apprenant dans le monde de l'entreprise. Cela garantira une intégration directe du diplômé qui sera, dès le début de son recrutement, opérationnel, ce qui économisera autant pour l'entreprise que pour le nouvel employé un temps précieux en passant outre la période d'adaptation souvent contraignante avant que les jeunes recrues atteignent le plein de leurs performances. Quelle sera la part de l'enseignement réservée à la communication et à l'amélioration des compétences linguistiques, qui sont souvent un frein à l'intégration des jeunes diplômés malgré leurs compétences techniques ? Justement, à la lumière de quelques sondages auprès des employeurs, beaucoup reprochent aux nouvelles recrues, malgré une certaine maîtrise technique, de lourdes insuffisances en matière de communication, ce qui les défavorise injustement mais encore porte atteinte aux performances mêmes de l'entreprise. ainsi, les nouvelles offres de formation, en sus des compétences techniques propres à chaque domaine, tendront désormais à inculquer, grâce à l'introduction d'enseignements transversaux, les pratiques propres à la communication en entreprise. Il sera certes question de renforcer la maîtrise des langues au futur diplômé, mais également lui faire acquérir plus concrètement à travers des outils particuliers la capacité d'organiser ses idées pour mieux les communiquer, que ce soit par la rédaction de courriers ou autre rapports professionnels ou par la prise de parole qui appelle naturellement de solides notions psychologiques. Les futures licences-pilotes qui seront élaborées incluront ce que vous désignez par «projet personnel de l'étudiant». Qu'en est-il au juste ? Le projet professionnel personnel de l'étudiant est une nouvelle approche qui favorisera son implication dans la définition des contours de sa future carrière et par là même renforcera certainement sa motivation et lui donnera une vision plus claire de sa future vie professionnelle. Il s'agit d'encourager l' étudiant à mieux se connaître et à identifier lui-même ses capacités de manière succincte afin d'identifier les perspectives les plus prometteuses, mais qui soient également raisonnablement en adéquation avec son réel potentiel. Pouvez-vous nous décrire plus concrètement cette approche ? Il s'agit, sur une période qui peut s'étaler de 3 à 4 semestres, de fournir à l'étudiant en un premier lieu une somme d'informations sur le secteur visé ; ensuite, à travers une série de tests d'évaluation, y compris psychologiques, l'étudiant sera appelé à identifier lui-même ses préférences pour s'orienter ainsi vers le développement de compétences particulières mises en relation avec un métier spécifique. Pensez-vous que les jeunes étudiants débutants possèdent, à ce stade, les moyens intellectuels pour effectuer leur autoévaluation ? Comment seront-ils accompagnés pour réussir l'élaboration de cette partie décisive de leur formation ? La part du travail personnel de l'étudiant est l'un des principes fondamentaux du système LMD, mais il ne s'agit pas là d'abandonner l'étudiant à son propre chef, bien au contraire. Les approches qui seront mises en application dans le cadre de ces premières licences-pilotes favoriseront concrètement le rôle du tutorat à l'université au même titre que le mentorat de la part du partenaire économique pour mieux accompagner et préparer l'étudiant en amont, pendant la formation, à s'intégrer dans l'entreprise. Ainsi, il aura une plus grande part d'implication de l'apprenant mais il faut savoir que de telles approches inclusives s'opèrent sous un strict système d'évaluation continu qui sera pareillement installé par les équipes formatrices, afin de rendre l'évolution de chaque offre de formation, tous domaines confondus, parfaitement lisible selon des grilles de lecture d'évaluation succinctes et homogènes. Des conseils d'évaluation seront également mis en œuvre pour garantir une dynamique constante de chaque offre de formation, et être rapidement réactifs face aux évolutions du monde du travail comme au Fred back formulés autant par les employeurs que les premières promotions insérées. Comment comptez-vous pérenniser et faire profiter les autres établissements de ce dispositif ? Par définition, notre programme Coffee est un projet structurel, adopté par le ministère de l'Enseignement supérieur. les formations-pilotes créées dans ce cadre serviront de modèle pour les besoins de création de futures licences professionalisantes par la réalisation d'une matrice structurelle définissant le cadre et les procédures de la cocréation des formations et également, entre autres recommandations, la réalisation de la plateforme collaborative qui permettra la poursuite de la démarche Coffee.