Alain Moizan aime travailler dans l'urgence. Cet ancien international français (sept sélections) dans les années 1980 l'a démontré successivement au Mali, à Lyon la Duchère et désormais au Mouloudia de Béjaïa. Courant 2003, une rupture abusive de contrat mettra un terme à son aventure malienne alors que sur le terrain, il n'avait guère eu le temps de faire ses preuves. Un an avant cet intermède malheureux, il a décroché le titre de champion du Sénégal avec la Jeanne d'Arc de Dakar. Désireux de prendre du recul avec le milieu du ballon rond, l'ex-joueur d'Angoulême, de Monaco avec qui il sera champion de France en 1978 et vainqueur de la coupe de France deux ans plus tard, de Lyon, Saint-Etienne, Bastia et Cannes reprendra un commerce dans la banlieue lyonnaise. En 2005, en cours de saison, il accepte pourtant de donner un coup de main à Richard Benamou, l'emblématique président de Lyon La Duchère qui venait de se séparer de Bertrand Burnier. La suite démontre en partie les qualités incontestables de meneur d'hommes de Moizan. L'équipe qui évolue en CFA (quatrième division) va faire parler d'elle en coupe de France puisqu'elle élimine deux équipes de Division I, Toulouse puis Strasbourg avant de s'incliner face au Paris Saint-Germain. Dès lors, l'équipe finit sur les rotules son championnat, et plonge en CFA 2. Malgré les coups d'éclat de son équipe, aucune proposition sérieuse ne parvient entre les mains d'Alain Moizan qui n'a jamais caché son désir d'entraîner à un niveau supérieur. « J'ai eu un contact avancé avec une équipe africaine », admet l'intéressé qui ne dévoilera pourtant pas le club ou la sélection en question. « Mais une expérience sans garantie ne me tentait pas trop (rires). » Après s'être mis d'accord avec le président duchérois pour repartir une saison, Alain Moizan a, une nouvelle fois, pris son balluchon. « Un manager m'a parlé d'un club algérien de division II intéressé par mon CV. Après m'être entretenu avec Noureddine Leklak, le président du MO Béjaïa qui venait de limoger l'entraîneur Ahmed Slimani pour mauvais résultats, j'ai accepté la proposition d'entraîner le club pour qu'il accède en division I, un sacré défi. » En laissant le club de Lyon Duchère dans le doute le plus complet, Alain Moizan en a surpris plus d'un. « Je comprends le désarroi du président, mais je n'avais pas le choix. Il me fallait répondre dans l'urgence. » S'il réussit son pari, faire accéder le MOB, il pourra rencontrer la saison prochaine un certain Khaled Lemmouchia, meneur de jeu qu'il dirigeait l'année dernière à la Duchère et qui est signataire à l'ES Sétif, solide leader installé en tête du championnat d'Algérie. Djamel Younsi (journaliste au Progrès - Lyon )