Le Front Polisario a réagi hier au décès du président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, en décrétant 40 jours de deuil. C'est aussi la durée qu'il se donne pour élire un successeur à son chef historique. En vertu de l'article 49 de la Loi fondamentale du Front, c'est le président du Conseil national sahraoui, Khatri Eddouh, qui assumera le poste de secrétaire général du Front Polisario et celui de président de la RASD jusqu'à l'élection d'un nouveau secrétaire général lors d'un congrès extraordinaire. Ce congrès devrait très probablement avoir lieu à la fin du mois de juillet. La succession à la tête du Front Polisario et de la RASD devrait se faire sans encombre, puisque le président Abdelaziz laisse derrière lui un mouvement structuré et discipliné qui recèle des cadres de valeur qui sauront choisir dans le calme, le moment venu, la personne la mieux à même de poursuivre la lutte pour la libération des territoires sahraouis occupés. Appréciés par une majorité de Sahraouis pour leurs compétences, Mohamed Sidati ou Brahim Ghali sont présentés, par de nombreux observateurs, comme des successeurs potentiels. Le secrétaire général du Front Polisario est décédé des suites d'une longue maladie. L'information a été rendue publique hier par l'ambassade de la RASD à Alger. Né en 1948 à Smara, Mohamed Abdelaziz est une grande perte pour le peuple sahraoui qui lutte pour son droit à l'autodétermination. Un peuple qu'il a su garder mobilisé contre le Maroc — qui occupe illégalement le Sahara occidental depuis 1975 — grâce à son charisme et à son rôle dans l'organisation et la conduite de la résistance. C'est ce qui fait qu'au fil du temps, Mohamed Abdelaziz a acquis la stature d'homme d'Etat dont le parcours fut irréprochable. Le président de la RASD était en effet l'un des membres fondateurs du Front Polisario depuis son congrès constitutif tenu à Zouerate en Mauritanie le 10 mai 1973. Avant d'accéder aux plus hautes responsabilités du mouvement indépendantiste, il était chef militaire jusqu'en 1976. Et c'est en compagnie de Brahim Ghali, l'actuel coordinateur politique du Front, qu'il organise les premiers raids contre les garnisons espagnoles. Il participe lui-même aux opérations et continue de le faire contre les forces d'occupation marocaines, même lorsqu'il devient le leader du Front Polisario. A la suite de l'assassinat, le 9 juin 1976, de Moustapha El Ouali Sayed, Mohamed Abdelaziz est élu secrétaire général du Front Polisario et président du Conseil de commandement de la révolution. Durant la même année, il cumulera ce poste avec celui de président de la RASD. Grand symbole de résistance contre le colonialisme en Afrique, le leader du Front Polisario a été également vice-président de l'OUA en 1985 puis de l'Union africaine en 2002. Le président Mohamed Abdelaziz sera enterré dans les territoires sahraouis libérés qu'il a arrachés, lui et ses compagnons d'armes, des griffes du colonialisme marocain. La jeunesse sahraouie a promis hier que son combat pour la liberté et le droit à l'autodétermination ne sera pas vain. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.