Mille huit cents tonnes de déchets par jour : voilà ce que ramasse quotidiennement Netcom dans la wilaya d'Alger. Cela fait beaucoup quand on sait que pour cela, l'entreprise dispose de 5000 agents qui effectuent quelque 400 rotations par jour. Mais si les chiffres sont importants, ils explosent durant la période du Ramadhan. « Nous n'avons, cependant, pas évalué quantitativement la quantité de travail durant la période de jeûne mais elle est beaucoup plus importante que d'ordinaire », précisera un responsable de Netcom. D'ailleurs, certaines zones sont nettoyées trois fois par jour. Quelles sont ces zones et pourquoi le Ramadan engendre-t-il autant d'ordures ? D'abord, parce que l'ensemble des Algériens, durant cette période festive, vivent de jour comme de nuit. De ce fait, les rues sont sales en permanence. « Nous effectuons les collectes entre 22h et 4h. Mais depuis que nous avons des micro-bennes, nous effectuons des tournées le jour dans certains axes routiers », explique le responsable de Netcom. Il en va ainsi du boulevard Bougara à El Biar, et de celui de Murat à Bab El Oued. Il précisera, d'ailleurs, que depuis l'aménagement des plages à Bab El Oued, le quartier ne désemplit pas de saleté et fait l'objet d'une attention particulière de la part des services de nettoyage. L'autre facteur lié au mois du Ramadhan est la présence de marchés informels. En plus de nettoyer les marchés qui prolongent, pour la plupart, leurs horaires d'ouvertures, il s'agit pour l'entreprise d'entretien de la capitale de « passer derrière » les vendeurs à la sauvette qui ne se préoccupent pas de laisser un amoncellement de déchets dans une rue habituellement propre. Tous les quartiers sont concernés et il n'est pas rare qu'après plusieurs passages du micro-benne le jour, lequel a une capacité de 4 m2, les rues soient encore surplombées de boîtes. Autre préoccupation pour Netcom : nettoyer les zones avoisinantes et les mosquées. « La veille de la nuit du doute et de la fête de l'Aïd, nous portons une attention particulière autour des mosquées afin que les gens puissent aller prier dans des conditions agréables. Beaucoup prient dehors lorsqu'il n'y a plus de place à l'intérieur », ajoute-t-il. « Il faut éduquer les petits à l'école pour un plus grand civisme et une plus grande rigueur quant à l'entretien de leur environnement. Ramadhan ou pas, on continue à jeter les ordures ménagères à n'importe quel moment. C'est pour cela qu'on trouve des bennes à ordures constamment remplies et qu'on s'imagine que Netcom ne fait pas son travail », soutient le responsable. Hormis ce problème majeur du ramassage des ordures, l'entreprise doit souvent faire face à celui de la collecte de déchets hors des bennes utilisées à cet effet. « Si vous allez du côté de Frais Vallon, à Bab El Oued, ou dans certaines cités à Bachedjarrah, il faut escalader des pentes bien raides pour accéder aux ordures. Nous ne le faisons pas tous les jours, car c'est difficile et cela mobilise beaucoup de monde », ajoute le responsable. En effet, le plus difficile étant encore de pouvoir accéder aux ordures, car beaucoup « s'amusent » à balancer leurs sacs de déchets par la fenêtre, évitant ainsi un long et douloureux trajet jusqu'à la benne. Un cadre auprès de l'entreprise de nettoyage évoquera l'absence de concierges : « Ces personnes facilitaient grandement le travail de nos agents. En effet, les poubelles étaient sorties au moment du passage du camion, les bennes étaient régulièrement nettoyées et surveillées. Il existait un service auprès de la wilaya mais cela a disparu. » L'entreprise aménage des plages horaires pour permettre à ses agents de rentrer avant la rupture du jeûne mais tout en quadruplant d'efforts pour rendre la capitale « le moins sale possible ». « Le problème persiste toujours et cela est dû à l'absence d'organisation au niveau des cités, l'incivisme de la population et surtout au fait qu'Alger est une ville en perpétuelle construction, donc toujours pleine de poussière. Le jour où il y aura moins de chantiers, elle sera plus propre », reprend le responsable de Netcom. Il préconise à cet effet une meilleure communication entre élus et citoyens pour organiser des comités de quartier qui pourraient travailler en liaison avec les responsables de Netcom présents dans de chaque commune.