C'est une des plus grandes signatures de la peinture universelle. Artiste des rues, il a fini par être reconnu par les rois, imposant dans les commandes qu'ils lui faisaient son style et sa vision de la société. De son vrai nom, Diego Rodriguez de Silva y Vélasquez, ce génie est né en 1599 et est décédé en 1660. La réputation immense de son talent, il la doit à 90 toiles seulement, toutes considérées comme des chefs-d'œuvre. Le peintre Edgar Manet disait de lui qu'il était « le peintre des peintres ». A ses débuts peintre de rue, Vélasquez réussit à devenir un des artistes les plus réputés de son temps et même de tous les temps. L'exposition que lui consacre la National Gallery de Londres depuis hier, mercredi 18 octobre, est considérée comme un événement culturel mondial. C'est la première fois qu'autant de peintures du maître de Séville (46 sur 90) seront exposées en dehors du musée du Prado de Madrid. Déjà, 11 000 billets d'entrée ont été vendus et d'ici à la fin de l'exposition (fin janvier 2007), les organisateurs estiment qu'au moins 300 000 visiteurs la verront. Ce qui serait un nouveau record du grand musée londonien après ses grandes manifestations similaires consacrées à de grands noms de la peinture universelle : Veemer, le Titien et Caravage. Les œuvres ont été réunies à partir de plusieurs collections, du Prado de Madrid inévitablement mais également du Metropolitan de New York, du Museo d'Arte de Sao Paulo, de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg et d'Autriche. Deux célèbres tableaux du maître seront absents, Les Mérines (1656) qui ne sort jamais du Prado et un portrait du Pape Innocent X (1650), propriété du Vatican. La National Gallery montrera bien sûr ses neuf Vélasquez dont le seul et unique nu réalisé par l'artiste, Vénus à son miroir. Comme tous ses contemporains qui vivaient des commandes des dynasties et de l'Eglise, il a peint les divinités, les monarques, les princesses et les saints. Mais, ainsi que l'a affirmé à Dawson Carr, commissaire de l'exposition : « Vélasquez a peint toute la société, avec une grande économie de moyens. Il voyait à travers les distinctions de classes. » Cette ouverture sur la société dans son ensemble est particulièrement présente dans les tableaux dits bodegones qui traitent de la vie quotidienne. Le célèbre Porteur d'eau de Séville (1620) en est la meilleure illustration. Le réalisme de l'artiste qui excellait dans les clairs-obscurs était si marquant que même dans ses œuvres à thèmes religieux, il s'attachait à montrer la dimension humaine et naturelle de la vie. Sa biographie est restée à ce jour bien muette sur sa vie privée et il reste le peintre de ses œuvres qu'il exécuta la plupart du temps en tant que peintre officiel de la cour. Faute de pouvoir visiter cette exposition, nous pourrons en avoir un aperçu virtuel à travers le site de la National Gallery qui existe depuis 1824. (www.nationalgallery.org.uk).