Pour Daech, les heures sont désormais comptées à Falloujah. Les forces irakiennes ont hissé hier le drapeau national sur le principal QG du gouvernement, une importante percée dans leur offensive pour reprendre la ville au groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI). «Les unités du CTS (groupes de lutte antiterroriste) et les forces d'intervention rapide ont repris le QG gouvernemental dans le centre de Falloujah», a déclaré à la presse le général Abdelwahab Al Saadi, le commandant de l'offensive. Raed Shaker Jawdat, chef de la police fédérale, a également confirmé cette percée. «La libération du principal complexe gouvernemental de la ville symbolise, a-t-il dit, le rétablissement de l'autorité de l'Etat.» Il a ajouté que le drapeau irakien avait été hissé sur le QG composé du siège du gouverneur et des bâtiments du conseil local, de la police et des services de sécurité. Les troupes ont «libéré 70% de la ville», selon lui. Si Daech venait à perdre Falloujah, il ne lui resterait que Mossoul comme grande ville sous son contrôle en Irak. Depuis le lancement le 23 mai de l'offensive pour reprendre Falloujah avec le soutien aérien crucial de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, soldats, policiers et miliciens irakiens avaient réussi à encercler la ville et à reconquérir les quartiers périphériques. Mais ils avançaient prudemment en direction du centre-ville en raison des engins explosifs placés par l'EI et des craintes pour les milliers de civils bloqués avec les terroristes dans la zone. Alors que les troupes irakiennes s'attendaient à des combats féroces dans le centre-ville, elles «ne se sont heurtées qu'à une faible résistance de Daech», a affirmé le commandant Al Saadi. Les terroristes «ont fui en masse vers l'ouest de la ville, ce qui explique cette faible résistance. Il reste quelques poches de terroristes que nous pourchassons dans le centre-ville», a-t-il ajouté. Avant de pénétrer au cœur de la ville, les forces irakiennes ont reconquis plusieurs quartiers du sud et l'est de Falloujah, connue sous le nom de la «cité des Mosquées». Selon des responsables de la sécurité, de nombreux membres de l'EI ont réussi à fuir en se fondant parmi les civils sortis de la ville ces derniers jours. «La grande majorité des chefs (de l'EI) ne sont plus là, et les terroristes laissés derrière ne sont pas leurs meilleurs combattants», a indiqué un responsable de la sécurité sous le couvert de l'anonymat. Aucun bilan officiel de victimes civiles ou dans les rangs progouvernementaux n'a été donné au début de l'offensive. L'EI s'est emparé de Falloujah, ville de la grande province d'Al Anbar peuplée majoritairement de sunnites, en janvier 2014, cinq mois avant son offensive fulgurante en Irak qui lui avait permis de prendre le contrôle d'autres régions du pays, dont Mossoul, la deuxième ville d'Irak dans le Nord. Depuis le 23 mai, des dizaines de milliers de civils ont fui Falloujah mais des milliers d'autres sont restés bloqués dans le centre-ville où, selon des ONG, les terroristes de Daech les utilisaient comme boucliers humains. Parmi les milliers de personnes qui ont réussi à fuir, un grand nombre a trouvé refuge dans des camps à proximité de Falloujah.