Une refonte profonde de l'examen du baccalauréat sera entamée dès la prochaine rentrée. La décision de couper les réseaux sociaux et de réduire au minimum le débit de la connexion internet durant les les épreuves du baccalauréat a fait grincer des dents de nombreux internautes. Elle est «nécessaire», nous dit la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, qui, dans une déclaration arrachée difficilement, explique : «Les candidats ont plus à gagner avec des réseaux sociaux coupés durant toute l'épreuve du baccalauréat.» Il aura fallu toute une gymnastique et une insistance ardue pour que la ministre sorte du mutisme qu'elle s'est imposé tout au long de cet examen qualifié de «rude épreuve» qu'elle suit à la minute près. La ministre semble très stressée en cette première journée de l'examen qui s'annonce plutôt satisfaisante. Elle insiste sur le caractère perturbant des réseaux sociaux, en disant : «Vous ne pouvez pas imaginer la tension que vivent les candidats à la veille de l'examen. Même le BEM n'a pas échappé à cette déstabilisation. Il fallait assurer les conditions de sérénité et d'égalité des chances à tous les candidats, quitte à couper momentanément les réseaux sociaux qui sont des facteurs de diffusion à large échelle.» Pour elle, cette deuxième session n'est que «la continuité de la première». Elle n'a pas nécessité de moyens supplémentaires pour son organisation, à l'exception de la coupure des réseaux sociaux, rendue nécessaire pour «garantir l'égalité des chances à tous les candidats». Sur l'objectif de cette fuite des sujets du bac, Mme Benghebrit répond : «Nous ne sommes pas devant une opération de déstabilisation d'une institution de l'Etat, mais de la jeunesse algérienne qui est au centre de cette épreuve. La fuite des sujets du bac a de tout temps existé. La particularité de cette année est le recours aux réseaux sociaux pour une plus large diffusion avec les réponses, en bénéficiant d'une grande médiatisation. Ce qui constitue un grave précédent dans lequel sont impliquées de nombreuses personnes au-dessus de tout soupçon, comme des professeurs d'université, des enseignants, des cadres de l'Onec et des surveillants. Nous n'avons jamais pensé à un tel scénario. Nous étions loin de la réalité. Mais cela nous a poussés à engager une réflexion avec des experts de haut niveau. Dès la fin des épreuves, un groupe de travail sera installé pour opérer une réforme totale du système de l'examen du baccalauréat, de sa préparation et de son organisation», souligne la ministre. Elle montre une grande conviction dans ce qu'elle fait et entreprend. Très vigilante, évitant souvent d'aller dans les détails, pour elle cette fuite «ne constitue pas une fin en soi. Dans de nombreux établissements et malgré ce phénomène, des candidats ont continué à travailler jusqu'à la fin, des encadreurs ont surveillé et des directeurs d'établissement ont assumé leur mission jusqu'à la dernière minute. Il n'y a pas eu uniquement de l'amertume. Ce qui dénote un sens élevé de responsabilité et de sagesse auquel il faut rendre hommage et j'ai tenu à l'exprimer dans mon message à la veille de l'examen.» Mme Benghebrit refuse de répondre aux députés qui ont lancé une pétition pour demander son limogeage à la suite de cette affaire. «Je sais que la société est consciente des enjeux, parce que l'école est devenue un enjeu, et le bac aussi est devenu un enjeu.» Elle est consciente de l'importance des valeurs et des principes qui fondent notre système éducatif, et de ce fait c'est elle qui a donné la meilleure réponse aux auteurs de la pétition. «Il faut apprendre à nos enfants que la réussite ne peut venir que du mérite et non pas de la triche et la débrouillardise», conclut la ministre, en espérant «tirer les grandes leçons du bac de cette année».