L'APW de Médéa a consacré, récemment, une session extraordinaire pour examiner la situation qui prévaut au niveau des localités de Mihoub, touchées par de terribles secousses telluriques à répétition en activité depuis le 10 avril 2016. On dénombre jusqu'au 17 juin plus de 84 secousses sismiques ressenties depuis le choc principal d'une magnitude de 5,3 °C survenu le 29/5/2016, occasionnant des blessures à 88 personnes de différents âges et des dégâts également importants dans le bâti. La population habitant ces localités rurales est très éprouvée, particulièrement celle du faubourg agricole de Mihoub estimée à 13743 âmes qui est très proche de l'épicentre. Elle continue à vivre l'enfer par ce périlleux et intenable événement jour et nuit sous le poids évidemment d'une psychose due au choc violent subi en plein sommeil durant cette fameuse et terrible nuit qui restera gravée à jamais dans les esprits des générations. La terre ne s'arrête pas de bouger sous leurs pieds, ils se trouvent impatients et impuissants devant cet inexplicable et étrange phénomène de Dame nature qu'on ne peut expliciter à présent avec plus de précision aux gens. Ils ne se croyaient pas sur une terre ferme, dit-on, mais comme sur une «barque en pleine mer leur provoquant des maux de tête atroces accompagnés de vertiges et de nausées désagréables». Ce malaise psychologique a fait aussi perdre à des citoyens le sommeil, l'appétit et pour les enfants même la parole. Beaucoup d'autres sont hantés par une phobie ne pouvant plus revenir à leur domicile de peur, ils préfèrent être à l'extérieur sous un abri de fortune en pleine nature, exposés aux aléas des intempéries. L'APW s'implique La récente réunion extraordinaire de l'APW de Médéa, élargie aux représentants de la société civile et aux P/APC de la région endommagée, a été aussi rehaussée par la présence du directeur général du Craag, le sismologue Lyes Abdelkrim Chaouch. Elle est venue à point nommé tirer au clair une situation difficilement maîtrisable et complexe, qui fait de l'amalgame et continue à faire couler beaucoup d'encre. Le P/APW a dû faire allusion dans son intervention en citant des «énergumènes» malintentionnés sans donner de noms qui sont venus d'ailleurs dans la localité dans le seul but de jeter du discrédit au sein des habitants en voulant exploiter sans scrupules la souffrance et la misère des sinistrés à des fins partisanes, et ce, en vue de semer des rumeurs abjectes en créant la suspicion et la zizanie entre habitants et autorités locales. Certaines personnes connues, souligne-t-il, qui ont fui leurs habitations depuis la décennie noire, sont revenues sans honte sur les lieux pour bousculer les véritables victimes du séisme qui devront en principe bénéficier des aides financières ouvrant droit au dédommagement de leurs propriétés abîmées. Prenant la parole, le DG du Craag a, quant à lui, brossé un tableau succinct en expliquant les caractéristiques sismiques et historiques du phénomène dans le nord du pays, en particulier dans la région de Mihoub. Il a rassuré, par ailleurs, l'assistance sur la normalité des faits. Poursuivant son intervention, il dira : «On peut indiquer que l'ensemble de l'activité sismique qui s'est produite dans cette zone a connu déjà des tremblements de terre similaires, il y a de cela bien longtemps. Ceci a permis de libérer une importante quantité d'énergie emmagasinée depuis des décennies voire des siècles. Les répliques qu'on ressent aujourd'hui peuvent durer des semaines et même des mois. Car le séisme a été généré par une faille inverse se situant à Mihoub dans la zone de contact avec le bassin de Aïn Bessem. La rupture s'est faite ainsi sur près de 3 – 5 km de longueur et de 0 à 5 km en profondeur». Il a précisé en outre que les dégâts occasionnés sur le bâti est expliqué par la vétusté des habitations qui datent parfois de l'époque coloniale mais aussi par la malfaçon et la mauvaise qualité des matériaux de construction lors de la réalisation des infrastructures récentes (établissements scolaires, logements collectifs, etc.) La qualité des sols pourrait être aussi à l'origine de certains dégâts constatés. Voulant éclairer l'opinion publique sur les fausses rumeurs circulant dans la région mettant en cause le barrage d'eau de Koudiat Acerdoune, il a affirmé, d'une manière catégorique, que le phénomène des secousses telluriques n'a aucun lien avec cet ouvrage hydrique qui se situe au nord-est de Mihoub. Les lâchers d'eau du barrage ne sont pas à l'origine de cette activité sismique qui a été prouvée lors de la récente visite d'inspection effectuée sur le site par des experts en la matière, dépêchés par le Craag. Lui succédant, le secrétaire général de la wilaya et chef de la cellule de crise, qui a été installée le lendemain de cette catastrophe au niveau de l'APC de Mihoub en vue de diriger personnellement et sur place les opérations d'intervention et de secours du plan Orsec déclenché. Il faut rappeler qu'elle comprend plusieurs membres de l'exécutif de wilaya et quelques membres de l'APW de la localité élargie aux membres des APC. L'intervenant n'a pas caché les difficultés rencontrées sur le terrain dès l'annonce du principal choc en pleine nuit par les équipes de sauvetage et de secourisme de la Protection civile et les services de sécurité (gendarmerie et police) ainsi que les services des APC et des volontaires qui ont démontré leur expérience et leur professionnalisme pour évacuer en un temps record les personnes blessées vers les centres de soins. Car le séisme a touché six communes, à savoir Mihoub, Azizia, Meghraoua, Tablat, Mazghana et Aïssaouia, se situant sur une zone montagneuse de l'Atlas tellien dont l'accès aux habitations éparses était très difficile. Un dispositif de 35 comités techniques supervisé par 70 cadres venus des wilayas de Bouira, de Blida et de Boumerdès et renforcé évidemment par des ingénieurs exerçant dans la wilaya de Médéa a été constitué pour évaluer les dégâts et expertiser la gravité des habitations en les classant par couleur de danger (rouge, orange et vert). En parallèle sur le volet médical, huit équipes ont été mobilisées sur le terrain comprenant 25 psychologues, 48 médecins et 60 paramédicaux ainsi que huit ambulances clino-mobiles pour répondre en urgence aux sinistrés. Ces derniers ont pu consulter jusqu'à présent 8847 personnes, dont 4228 souffrant d'émotions psychologiques. 668 bâtisses classées rouge par le CTC Par mesure de sécurité, trois mosquées ont été fermées dans ces localités. Les comités techniques du CTC ont pu expertiser jusqu'à ce jour 3740 habitations individuelles en faisant ressortir un nombre de 668 demeures marquées à la croix rouge, c'est-à-dire inhabitables, 437 autres en orange, c'est-à-dire à restaurer et 1270 en vert sans danger La cellule de crise qui veille au petit grain a installé à ce jour 770 tentes et accordé 420 aides financières, plus 500 et 400 autres à titre d'avance dans le cadre des constructions rurales qui sont subordonnées à l'avis technique du CTC. Dans ce cadre, 21 entreprises de travaux domiciliés dans la région ont été désignées pour entamer les opérations de restauration des constructions fissurées. Aussi, on a distribué 3417 couffins de produits alimentaires aux familles des zones reculées et l'ouverture de restaurants collectifs en zones urbaines. Des camions-citernes ont été mobilisés pour assurer la desserte quotidienne en eau potable à la population afin d'éviter les épidémies du choléra et de la typhoïde. Ajouté à cela la distribution de 15 000 sachets en eau minérale qui se poursuivra jusqu'à la fin du mois de Ramadhan aux familles. Une somme globale de 17 000 000,00 DA a été dégagée du budget de la wilaya, la caisse de zakat et le ministère de la Solidarité pour approvisionner la population sinistrée en produits alimentaires. Rien ne semble laisser au hasard par les membres de la cellule de crise qui ne ménagent aucun effort pour venir en aide aux familles dans le besoin dans cette partie de la wilaya du Titteri se situant à l'extrême Est et considérée comme étant une région. En conclusion, le wali Mostefa Layadi, profitant de cette rencontre, a tenu à féliciter tous les intervenants sur le terrain, notamment les éléments de la Protection civile qui ont fait un bon travail en se dévouant âme et corps pour venir en aide aux sinistrés malgré les difficultés et l'inaccessibilité du terrain montagneux et accidenté. Il est à noter que la région de Mihoub a été visitée par trois ministres et par de hauts responsables de l'Etat ainsi que par la présidente du Croissant- Rouge qui n'ont ménagé aucun effort pour accorder à ces localités endommagées de larges contributions et d'aides financières pour que la vie puisse reprendre son cours au plus vite.