Les habitants d'El Harrach ont été surpris, jeudi soir, juste avant la prière des taraouih, par une forte déflagration, entendue dans les quartiers limitrophes. Une bombe, déposée à côté du mur d'enceinte de la caserne militaire de Beaulieu, située non loin de la prison d'El Harrach, a explosé vers 20h30, faisant 8 blessés, dont 6 militaires dans un état grave et deux civils, évacués pour la majorité vers l'hôpital Zmirli, à El Harrach. L'engin a été déposé devant le second portail de la cité militaire, ouvert depuis le début du Ramadhan pour permettre aux résidents de rejoindre la mosquée par un raccourci. Vraisemblablement, les terroristes ont bien étudié leur coup. Comme ils ne pouvaient introduire l'engin à l'intérieur de la cité, ils ont préféré le déposer à la sortie, mais en choisissant pour son explosion une heure de forte affluence. Le moment où quotidiennement les militaires sortent pour aller faire la prière des taraouih. En visant cet endroit et ce moment, ils comptaient faire le maximum de victimes parmi les militaires et les passants. Fort heureusement, la bombe de confection artisanale (probablement une bonbonne de gaz) a explosé prématurément. Elle a surpris une dizaine de militaires, notamment des appelés du contingent, affectés pour assurer la surveillance des lieux. D'ailleurs, c'est parmi eux que se comptent les blessés les plus graves. Cet attentat n'a pas pour autant empêché la population riveraine de reprendre ses habitudes nocturnes, notamment la dernière prière des taraouih, coïncidant avec le 26e jour du Ramadhan. Une foule nombreuse s'est agglutinée aux alentours du quartier, bouclé en quelques minutes seulement par les policiers et marqué par les va-et-vient incessants des ambulances, rappelant du coup les années noires des attentats à l'explosif. En moins d'une heure, l'endroit a été totalement nettoyé et les traces de l'attentat effacées. Ce dernier montre encore une fois que le GSPC, en dépit des coups qui lui ont été assénés ces derniers mois par les forces de sécurité, reprend pied dans la capitale, même si pour l'instant, l'activité terroriste se concentre surtout à l'est d'Alger. En effet, au moins cinq attentats à l'explosif ont eu lieu depuis l'été dernier à ce jour, à Réghaïa, Bordj El Kiffan durant l'été dernier, et plus récemment à El Harrach. Les engins utilisés sont de fabrication artisanale (bonbonne de gaz) et souvent très mal réglés, ce qui démontre l'amateurisme des « artificiers » locaux. Néanmoins, cela n'enlève rien à la capacité du GSPC à reconstituer ses réseaux à chaque fois qu'ils sont démantelés par les forces de sécurité. Sauf que le recrutement qu'il opère se fait actuellement dans les milieux des derniers élargis dans le cadre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale et dans les familles des terroristes. Dans ce terreau, l'organisation de Droudkel a trouvé des gens acquis idéologiquement à la cause du terrorisme. Ce qui explique probablement la concentration des attentats et leur multiplication des derniers mois dans les régions du centre et à l'est du pays. Son redéploiement à l'est de la capitale s'explique également par le fait que c'est la région où le nombre d'élargis est le plus important et de terroristes dans les maquis ou neutralisés, est le plus important. Même si l'attentat à l'explosif de jeudi dernier n'a pas eu l'effet médiatique escompté, il n'en demeure pas moins que depuis le début du Ramadhan vingt- trois personnes ont été tuées, dont vingt depuis le 1er octobre seulement. Ce décompte, établi à partir des informations publiées par la presse nationale, reste en deçà de la réalité, puisque, selon des sources sécuritaires, une moyenne de quatre à cinq victimes tombent quotidiennement sous les balles assassines des terroristes ou sont emportées par les engins explosifs. Dimanche dernier, sept gardes communaux ont été tués dans une embuscade qui leur a été tendue non loin de leur caserne à Aïn Defla. La veille, trois policiers ont été blessés à Bordj Ménaïel. A travers cette activité, le GSPC veut à tout prix montrer que sa force de frappe est restée intacte, en dépit des redditions et des coups subis lors des nombreuses opérations militaires dans son propre fief en Kabylie.