L'ancien ministre de l'Intérieur, président de l'association des anciens du MALG (ministère de l'arment et des liaisons générales), Daho Ould Kablia, n'en rate pas une pour confabuler sur le péché originel de la Révolution algérienne : l'assassinat politique. Jeudi, lors de la conférence sur l'histoire d'Août 1955/56, le Boussouf boy s'est de nouveau distingué par son témoignage atypique qui absout d'un trait et dans l'absurde le crime de Tétouan. «Abane a souhaité (après la Soummam) être conforté à Alger, dit-il. Parce que, pour lui, le combat vital se mène dans la capitale. Il avait besoin d'être conforté, d'autant plus qu'autour de lui il n'y avait que des exécutants comme Yacef Saâdi ou Boualam Chergui, des gens qu'on connaît et dont on parle beaucoup dans les histoires et les écrits. Abane avait besoin d'un homme politique de l'envergue de Ben M'hidi, ce qui faisait l'affaire de celui-ci parce qu'il ne se sentait pas à l'aise au Maroc mais se sentait par contre bien dans l'Oranie. Ben M'hidi dit à Boussouf qu'il partait à Alger discuter avec Abane et il est arrivé à Alger, par train, avec de faux papiers, le 6 mai 1956 (venant du Caire par Madrid).» Après la thèse d'un Ben M'hidi «protecteur» et ange gardien de Abane, de Fouad Soufi, celle d'un Ould Kablia attribuant à Ben M'hidi le statut de collaborateur et aide de camp le plus proche de Abane. Non, ce n'est pas une transe autour du cadavre introuvable de Abane qu'on étrangle encore, 60 ans après l'assassinat de ce leader politco-militaire du FLN. Ce sont des aveux. La Plate-forme de la Soummam suinte le marxisme, explique-t-il. «Je dis que la part prépondérante, l'empreinte essentielle de la Soummam est une empreinte marxistante pour ne pas dire marxiste, c'est celle de Amar Ouzegane. D'ailleurs, l'histoire des membres titulaires et membres suppléants du CNRA est emprunté au système soviétique.» S'adressant à Abdelmadjid Merdaci, Ould Kablia ajoute : «Vous m'avez demandé quelle a été l'attitude de Boussouf par rapport aux actes du Congrès. Je vous dis que Boussouf était contre. Il était chagriné par le fait qu'il soit désigné (par Abane) membre suppléant du CNRA, lui qui a été parmi les 22 alors que des gens qui avaient pris le train en marche se trouvaient à la tête de la direction. Il faut préciser qu'un membre suppléant n'a pas droit au vote. Il ne faudrait pas conclure pour autant que Boussouf a tué Abane parce qu'il l'a désigné membre suppléant. Ça, c'est une autre affaire. Et la mort de Abane est à mettre sur le compte des luttes pour le pouvoir inhérentes à tout mouvement révolutionnaire, tous violents par essence. Boussouf était chagriné. Mais ce n'était pas un reproche. Il me l'a dit à moi, bien après l'indépendance.» Fin de citation.