Comme l�indique son titre, le dernier ouvrage de Khalfa Mameri consacr� � Abane Ramdane ne comporte que des documents historiques. L�absence d'interpr�tation de la part de l�auteur laisse ainsi le lecteur libre de se faire sa propre opinion. Il lui suffit de consulter les archives. Tout en invitant le lecteur � juger en son �me et conscience, Khalfa Mameri �crit dans la br�ve pr�sentation de ce qu�il consid�re comme un modeste fascicule : �Sachant que la pol�mique se nourrit de la pol�mique, il faut quitter cette voie qui ne sert personne, encore moins l�histoire du pays pour emprunter la seule m�thode qui vaille : faire parler les documents euxm�mes. � Le commentaire �vacu� � dessein, pareille d�marche ne peut que favoriser le �d�bat serein et critique�, estime-t-il. D�sormais �accessibles � tous�, les textes recueillis, pr�cise l�auteur, sont �emprunt�s � des collections personnelles in�dites pour certains, ou pour d�autres d�j� publi�s�. Les lettres, proc�s-verbaux, notes, rapports et directives � tous des documents authentifi�s et d�une extr�me importance � n�ont aucun parti pris, sinon celui de la v�rit� historique. �V�rit� entre Abane Ramdane et ses accusateurs, v�rit� entre lui et ses assassins�, souligne Khalfa Mameri. Tout ceux qui s�int�ressent � Abane Ramdane et � l�histoire de l�Alg�rie ont l�, entre les mains, un ouvrage d�une grande richesse documentaire. Apr�s Abane Ramdane, h�ros de la guerre d�Alg�rie (une 8e �dition) et Abane Ramdane, le faux proc�s, ce troisi�me livre que propose le m�me auteur ajoute � l��clairage apport� dans les pr�c�dents. Parmi les mat�riaux r�unis et mis � la disposition des lecteurs, il y a notamment les documents relatifs au Congr�s de la Soummam. Ainsi, la lettre du 3 avril 1956, sign�e Abane et qu�il avait envoy�e � la d�l�gation ext�rieure pour l�associer aux travaux du Congr�s. C�est la preuve que les dirigeants de l�int�rieur ne voulaient exclure quiconque. Les deux d�l�gu�s du Caire qui devraient rejoindre le nord constantinois pour participer � la r�union seraient, �crit Abane, �de pr�f�rence Ben Bella et A�t Ahmed ou Ben Bella et Khider�. Pour ce qui concerne �l�affaire Mahsas�, celle-ci est �voqu�e dans deux lettres du CCE. La premi�re, dat�e du 21 novembre 1956, pr�cise que Ahmed Mahsas fait partie du comit� de Tunis, et que �ce comit� d�pendra d�Alger et non du Caire�. La deuxi�me lettre, envoy�e le 25 d�cembre 1956 � Ahmed Tellili (secr�taire g�n�ral du N�o-Destour tunisien), clarifie les choses et d�signe nomm�ment les repr�sentants �habilit�s � parler au nom du CCE�. Parce que �le fr�re Ahmed Mahsas, membre suppl�ant du CNRA, s�me dans les milieux tunisiens une certaine confusion qui, si elle n�est pas dissip�e, peut vous induire en erreur�. Pour rappel, le CCE (Comit� de coordination et d�ex�cution) est une sorte de gouvernement de guerre compos� de 5 membres (Larbi Ben M�hidi, Krim Belkacem, Benyoucef Benkhedda, Abane Ramdane et Sa�d Dahlab), alors qu�au CNRA (Conseil national de la R�volution alg�rienne) figure une Assembl�e nationale de 34 membres. Dans le chapitre 3 ont �t� ins�r�es deux importantes correspondances : la lettre de Abane Ramdane aux d�l�gu�s du Caire (13 mars 1956) et celle de Mohamed Khider du 23 avril 1956 en r�ponse � la premi�re. Il y est notamment question des armes, �plusieurs fois promises� et qui tardent � venir, de l�UGTA, de la F�d�ration de France du FLN, des rapports avec l'�gypte, des contacts �secrets� avec les repr�sentants du gouvernement fran�ais, etc. Des documents sur la gr�ve des 8 jours et la bataille d�Alger sont rassembl�s dans le quatri�me chapitre (dont le tract du 26 janvier 1957, les directives du FLN, le rapport du 24 mars 1957 sur cette gr�ve g�n�rale qui avait d�but� le 28 janvier � z�ro heure). Le lecteur, apr�s lecture, comprendra mieux pourquoi le CCE avait opt� pour des mesures radicales. Il est clair que les promoteurs de la gr�ve des huit jours avaient comme strat�gie r�volutionnaire d�inciter la France coloniale � tomber dans le pi�ge de la r�pression f�roce. Objectif recherch� : faire basculer le peuple alg�rien d�finitivement du c�t� du FLN. Ici, on revient in�vitablement aux principes soummamiens de la supr�matie de l�int�rieur sur l�ext�rieur, de la primaut� du politique sur le militaire. Des principes qui ne survivront pas longtemps... Les d�saccords entre les dirigeants, les luttes pour le leadership, l��viction des civils par les militaires, la d�cision prise par les colonels de revenir sur les principes arr�t�s par le Congr�s de la Soummam, etc. ont marqu� l��t� 1957 apr�s la bataille d�Alger au printemps. Pendant ce temps, Abane se retrouve de plus en plus isol�. La tension avec les colonels monte. Apr�s l�arrestation de Ben M'hidi, les quatre autres membres du CCE durent se replier sur le Caire (Krim et Ben Khedda) et sur Tunis en passant par le Maroc (Abane et Dahlab). Il s�agit, bien s�r, du premier CCE (issu du Congr�s de la Soummam), le deuxi�me CCE de neuf membres �tant issu de la r�union du CNRA du Caire (juillet 1957), laquelle r�union avait �t� qualifi�e par Sa�d Dahlab de �premier coup d�Etat�. S�agissant de Abane Ramdane et de ce d�tour par le Maroc, Khalfa Mameri �crit dans le premier livre qui lui est consacr� : �L�itin�raire emprunt� par celui-ci contribuera � lui creuser sa tombe...� Le lecteur trouvera une somme d�informations et de r�ponses � toute une s�rie de questions qu�il se pose sur l�ex�cution sommaire du h�ros de la R�volution. Tout cela est contenu dans les deux pr�c�dents ouvrages de l�auteur. Une lumi�re encore plus crue est jet�e sur cet assassinat lorsque les documents historiques parlent d�eux-m�mes. Des preuves indiscutables telles qu�apport�es par le proc�s-verbal du 30 janvier 1958 laiss� par Abdelhafid Boussouf et cosign� par les cinq colonels du CCE (Boussouf, Krim, Bentobal, Ouamrane et Cherif). Le deuxi�me document, extr�mement important, est la note du 15 ao�t 1958 laiss�e par le colonel Ouamrane � Tunis. Dans cette lettre publi�e �galement au chapitre 5 du livre, Ouamrane r�v�le les �circonstances de la mort de Abane� (qui aurait ��t� ex�cut� par Boussouf sur ordre de Krim�). Le meurtre avait �t� commis le 27 d�cembre 1957, dans une villa � T�touan. Abane avait �t� �trangl� � l�aide d�une corde. Hocine Tamou Khalfa Mameri, Abane Ramdane, documents et v�rit�s, �ditions Mehdi 2012, 130 pages, 360 DA