Un nouveau ralentissement de la croissance de la demande est anticipé pour 2017. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a abaissé, hier, sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2016 en raison d'incertitudes économiques. La consommation mondiale du pétrole devrait croître de 1,3 million de barils par jour (mbj) à 96,1 mbj cette année, contre une précédente estimation de 1,4 mbj, a détaillé l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole. «Les récents piliers de la croissance de la demande, à savoir la Chine et l'Inde, vacillent», a expliqué l'agence basée à Paris. Un nouveau ralentissement de la croissance de la demande est anticipé pour 2017, avec une hausse de 1,2 mbj à 97,3 mbj. Dans le même temps, l'offre reste soutenue, notamment celle en provenance de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui a pompé à un niveau quasi record de 33,47 mbj en août — soit 930 000 barils/j de plus sur un an. Cela a permis de compenser le déclin de production observé dans les pays tiers en raison de la faiblesse des prix qui ont réduit les investissements et de limiter à 0,3 mbj la baisse de la production mondiale en août à 96,9 mbj. L'AIE a souligné que le Koweït et les Emirats arabes unis ont pompé à des niveaux «sans précédent» et l'Irak a augmenté ses livraisons. Elle a noté l'élévation à «un niveau quasi-record» de la production de l'Arabie Saoudite, et celle de l'Iran a bondi à 3,64 mbj, un plus haut depuis la levée des sanctions en janvier. Ces chiffres traduisent la stratégie offensive de défense des parts de marché adoptée par l'organisation pétrolière, qui a permis à son chef de file, l'Arabie Saoudite, de ravir aux Etats-Unis leur place de premier producteur mondial de produits pétroliers, a ajouté le bras énergétique de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). «Il se pourrait que cette dynamique offre-demande ne change pas significativement au cours des prochains mois. En conséquence, l'offre continuera à dépasser la demande au moins durant le premier semestre de l'an prochain (...). Quant au retour à l'équilibre du marché, il semble qu'il faille attendre un peu plus longtemps», a conclu l'AIE. Et ce, d'autant plus que la production des pays hors Opep devrait se reprendre et augmenter de 380 000 bj en 2017, après un déclin anticipé à 840 000 bj cette année. Cette abondance de la production pourrait alimenter les spéculations sur la possibilité d'un accord entre grands producteurs de pétrole pour limiter leur production et soutenir les prix, lors d'une réunion informelle des membres de l'Opep organisée fin septembre à Alger en marge du Forum international de l'énergie, ajoute-t-on.Côté prix, les cours du pétrole cédaient du terrain, hier en cours d'échanges européens, pénalisés par ledit rapport de l'AIE. Le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 47,35 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 97 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le mois d'octobre reculait de 1,10 dollar à 45,19 dollars. Depuis vendredi dernier, les cours du brent et du WTI ont nettement reculé malgré un léger rebond lundi. Selon les analystes, «l'avertissement de l'AIE rend à nouveau les investisseurs prudents», d'autant que le rapport de cette organisation vient s'ajouter à celui publié lundi par l'Opep, qui tablait également sur une hausse de la production mondiale cette année et la suivante.