Depuis 2012, on ne compte plus les réunions du Conseil de sécurité consacrées à la guerre en Syrie, mais elles se sont toutes terminées avant même d'avoir commencé. C'est ce qui a amené, dès 2012, certains analystes à affirmer qu'il n'y a pas d'échec de la diplomatie internationale du simple fait qu'elle n'a jamais pu se déployer. La situation que vit actuellement une partie de la ville syrienne Alep sera-t-elle l'occasion de lever les verrous et d'aller enfin vers un règlement ? Il est peut-être difficile d'être affirmatif, mais plus aucune partie n'a osé remettre en cause le rapport de l'ONU classant officiellement comme «zone assiégée» les quartiers d'Alep contrôlés par les rebelles, car ils réunissent trois critères : encerclement militaire, manque d'accès pour l'aide humanitaire et pas de liberté de déplacement pour les civils. La Syrie compte 18 «zones assiégées», dans lesquelles vivent environ 850 000 personnes d'après les Nations unies. Ou encore que la guerre en Syrie a fait plus de 300 000 morts depuis 2011 et entraîné la pire crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale. Il ne s'agit pas d'une guerre des mots, mais bien d'un drame que vit le peuple syrien victime de son engagement pour la liberté. Encore qu'il faudra bien un jour décrire ce conflit avec exactitude. Mais l'urgence est là et le Conseil de sécurité devait hier s'en faire l'écho, cette réunion se tenant à la demande de la Russie pour permettre à l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie d'aller au fond de ses propos après s'être alarmé d'une possible destruction du secteur d'Alep encore tenu par les rebelles. Et même d'ici peu, quelques semaines tout au plus, avait affirmé l'émissaire de l'ONU qui n'a plus son optimisme de départ. Staffan de Mistura n'a pas toutes les cartes en main, mais lui et le système onusien ont agi de façon efficace dans un rôle de donneur d'alerte. Car l'armée syrienne a annoncé une réduction de ses bombardements sur la deuxième ville du pays, mais pas leur arrêt, ce qui aurait satisfait aux demandes de l'ONU. Un sérieux bras de fer pourrait être engagé avec l'adoption de sanctions visant la Russie et la Syrie. Ou encore des sanctions onusiennes visant des personnes impliquées dans des attaques chimiques en 2014 et 2015. La marge de manœuvre paraîtrait ainsi appréciable, mais pas pour tout le monde, car en face les arguments ne manquent pas, la seule évidence étant qu'ils s'opposent à ceux des autres, sinon qu'ils se rejoignent rarement. En attendant que soient levées les contradictions, la Syrie n'est déjà plus ce qu'elle était. De tristes records ont déjà été battus.