C'est un véritable cri de détresse que ne cessent de lancer les handicapés rencontrés individuellement dans les communes que nous avons sillonnées entre autres Bouzguène, Iloula Oumalou, Yakouren, Idjeur, Aït Zikki, Azazga et Fréha. La plupart des handicapés nourris de promesses sans lendemain évoquent tous les mêmes besoins qui l'appareillage, un emploi et une pension permettant de vivre dignement. « On ne se rappelle de nous que lors de la Journée nationale des handicapés. Et encore les invitations qu'on adresse aux responsables n'obtiennent parfois aucune réponse », s'indigne un non-voyant qui parle de hogra et de négligence. Et d'ajouter : « Les P/APC ont parfois de la compassion pour nous, mais on n'a jamais vu le chef de daïra daigner répondre favorablement à notre invitation ». Une association qui gère 350 adhérents obtient 20 000 DA de subvention après trois années d'attente. « Que peut-on faire avec cette subvention ? » , s'interroge Mohand. Pour notre interlocuteur, cette somme permettra juste de prendre en charge la collation pour la journée du 14 mars, journée des handicapés. Tout cela fait naître le désespoir chez cette frange de la société censée bénéficier d'une attention particulière. Loin de susciter de la part de l'Etat compréhension et disponibilité, ils sont traînés comme des boulets.Les associations des handicapés armées d'ambition démesurée, dès l'obtention de l'agrément pour défendre les droits de tous les handicapés moteurs et autres UMC, ont vite fait de déchanter face aux multiples problèmes bureaucratiques et autres écueils qui se dressent comme des remparts à toute perspective d'aide ou d'insertion socioprofessionnelle. Pourtant, dans chaque commune, un réseau est implanté pour recenser les problèmes de ces laissés-pour-compte. Refus d'assistanat Malheureusement toutes les démarches répétées pour sensibiliser les décideurs sont restées lettre morte. Au fil des mois et des années, l'espoir s'amenuise et les moyens s'il y en a rétrécissent comme une peau de chagrin. Si des associations continuent d'exister c'est grâce aux amis des handicapés, du Croissant-Rouge algérien et des citoyens bienfaiteurs qui viennent à leur secours avec des dons de différente nature. Ces handicapés refusent d'être assistés. Ils réclament des postes de travail pour, disent-ils, gagner leur vie dignement. « Nous ne sommes pas des demi-hommes. Nous sommes capables d'assurer notre vie si l'Etat s'intéresse à nous », affirment-ils. Même l'obtention d'appareillage n'est pas chose aisée. Ces opérations se font au compte-gouttes. Certains handicapés s'indignent aussi de la manière utilisée par certaines APC dans l'attribution des appareillages. « Si quelqu'un a la chance de bénéficier d'un fauteuil roulant, de lunettes ou d'un appareil auditif, il doit attendre la date du 14 mars pour se le faire attribuer ». Cette réflexion montre clairement et nul ne peut le contredire, l'écart entre le discours populiste empreint de démagogie et la concrétisation des promesses. Chaque année, les promesses données s'envolent, s'oublient et ne sont jamais tenues. Faudrait-il aussi évoquer l'accès au logement social, au transport collectif gratuit (veilleurs de nuit, gardiens, ...), l'attribution de matériel de travail ou de contrats de KMS. La réalité est bien là. Peut-être que cela changera. Après tout, ces handicapés continuent de rêver un meilleur traitement.