Près de 3800 migrants ont péri en tentant de traverser la Méditerranée pour atteindre l'Europe depuis le début de l'année, annonce le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). «3740 personnes, au moins, auraient déjà péri en Méditerranée, soit à peine moins que les 3771 décès signalés sur toute l'année 2015», s'alarmait le porte-parole du HCR, William Spindler, lors d'une conférence de presse organisée avant-hier au Palais des nations, à Genève. «C'est le pire bilan que nous ayons connu», a-t-il déploré. «Le HCR s'alarme du nombre élevé de morts relevé cette année parmi les réfugiés et les migrants qui tentent la traversée de la Méditerranée. Alors qu'il reste encore deux mois avant la fin de 2016», a-t-il ajouté. Le HCR est interpellé par l'ampleur du chiffre macabre d'autant que le nombre des tentatives de traversée vers l'Europe a nettement diminué. «L'année dernière, 1 015 078 personnes s'étaient aventurées. Cette année, elles ne sont à ce jour qu'au nombre de 327 800. Le taux probable de décès est donc passé de 1 pour 269 l'an dernier à 1 pour 88 en 2016», a précisé le responsable du HCR. «Sur la route méditerranéenne centrale entre la Libye et l'Italie, le taux de décès probable est même encore plus élevé, avec un décès pour 47 arrivées», s'est alarmé M. Spindler. Le représentant du HCR explique la hausse du nombre des décès en cours de traversée par le fait que les passeurs choisissent l'itinéraire entre l'Afrique du Nord et l'Italie «réputé plus périlleux». Aussi, ajoute M. Spindler, «les passeurs utilisent maintenant des embarcations de moindre qualité, des canots pneumatiques fragiles qui souvent ne résistent pas au voyage. A plusieurs reprises, les incidents ont été liés, semble-t-il, aux mauvaises conditions météorologiques». Les tactiques des passeurs changent aussi avec, en plusieurs occasions, l'embarquement simultané de milliers de personnes. «Si cela peut correspondre à une évolution dans la manière de faire des passeurs ou vise à limiter les risques de détection, le travail des sauveteurs est également rendu plus difficile», soutient le porte-parole de cet organisme onusien.