Secteur important de l'économie de la Tunisie, le tourisme est presque agonisant. Les recettes de cette activité ont enregistré au cours des neuf premiers mois de l'année en cours une baisse de plus de 8% par rapport à la même période de 2015 (une autre année catastrophique), selon des chiffres officiels. Du 1er janvier au 31 septembre, la Tunisie a enregistré quelque 730 millions d'euros, contre 800 millions à la même période de 2015. Soit une baisse de 8,4%, d'après des données publiées sur le site du ministère du Tourisme. La chute atteint 34,1% si l'on se rapporte au neuf premiers mois de 2014, avant les attaques djihadistes contre le musée du Bardo et sur une plage de Sousse, en mars et juin 2015. Attaques qui ont fait 60 morts, dont 59 touristes étrangers. Selon le rapport de suivi de la situation économique en Tunisie de la Banque mondiale, rendu public en avril dernier, il est indiqué, concernant l'année 2015, que le taux de chômage reste élevé à 15,4%. La dette publique a atteint 52% du PIB. Récemment, le ministre de l'Investissement, Fadhel Abdelkefi, a estimé que la Tunisie est en «état d'urgence économique» du fait notamment d'une croissance inférieure à 1,4% en 2016. Ceci dit, la Tunisie est contrainte à entreprendre des réformes pour convaincre les institutions financières internationales à débloquer des aides pour la relance économique. Mais la puissante centrale syndicale UGTT a un autre avis. Elle a annoncé, le 17 octobre, son rejet «catégorique» du projet de loi de finances 2017 approuvé le 14 du même mois par le gouvernement, qui table sur une reprise de la croissance à hauteur de 2,5%, mais aussi sur un gel, pendant au moins un an, des salaires dans la Fonction publique. La centrale syndicale dit en outre n'avoir pas senti de la part du gouvernement de «véritable volonté de lutter contre la corruption et la contrebande et de faire face à l'évasion fiscale». Elle «fait porter au gouvernement et à toutes les parties qui le constituent la responsabilité d'une déstabilisation sociale». Des propos qui pourraient alimenter la contestation sociale, alors que Tunis se prépare à organiser une conférence internationale pour l'investissement les 29 et 30 novembre. Président du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG qui recense notamment les mouvements sociaux à travers le pays, Abderrahmane Hedhili a récemment averti que la Tunisie traversait une période délicate : «Aujourd'hui, dans les quartiers populaires, nous avons le même profil qu'en 1984», lors des émeutes du pain. Et de constater : «Les gens ont la mémoire courte. Aujourd'hui, on n'a pas l'impression que le gouvernement prend toutes ces questions au sérieux.» Dans un pays marqué par de multiples crises depuis sa révolution en 2011, la paix sociale constitue un défi majeur pour le gouvernement. La Tunisie a signé en mai un nouveau plan d'aide de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans avec le Fonds monétaire international (FMI), et promis de mettre en œuvre une série de réformes délicates. Et la France s'est engagée, en janvier 2016, à apporter un milliard d'euros d'aides sous forme de prêts.