Les avocats affiliés à l'Ordre régional des avocats de Béjaïa (Orab) entameront une grève générale d'une semaine à partir d'aujourd'hui pour contester contre les mauvaises conditions de travail et les «intimidations» de l'administration judiciaire locale. Cette résolution a été prise avant-hier lors d'une assemblée générale où il a été décidé, également, de poursuivre le boycott de la session criminelle engagé depuis l'ouverture de cette dernière, le 6 novembre. Afin de contourner la grève et d'assurer la poursuite des audiences en session criminelle, les responsables de la cour de Béjaïa ont eu recours au dispositif de l'article 271 qui autorise exceptionnellement à l'accusé de demander la désignation un «défenseur» — qui peut être un proche, une personne de sa famille — en guise d'assistance judiciaire. Une manœuvre «préméditée» qui a irrité le bâtonnat, selon Me Boudina, qui dénonce «une entorse à la loi puisque cette mesure a été utilisée exceptionnellement dans les années 1960 et 1970 afin de pallier au manque d'avocats». Le bâtonnier, Djenadi Mohand Saïd, a indiqué que «le recours à l'article 271 ne garantit pas un procès équitable et met la justice dans une position de parti-pris au regard des décisions clémentes délivrées et le traitement expéditif des lourds dossiers criminels». Pour les avocats, ce comportement de la cour est sans précédent dans les annales de la justice algérienne. Les revendications portées par les avocats de Béjaïa sont d'ordre professionnel. Il s'agit, entre autres, de la réouverture des tribunaux d'Amizour, Sidi Aïch, Kherrata et de l'annexe de Tazmalt qui ont été brûlés et saccagés lors des événements du Printemps noir, en 2001. Bien que les travaux de réfection soient achevés, ces structures, qui ne sont pas encore équipées en mobilier, demeurent fermées à ce jour. Les autres revendications sont liées au droit de l'avocat de disposer de tous les documents et informations monopolisés, actuellement, par les juges.