La réforme de la santé, lancée il y a plus de dix ans, a suscité, dans sa mouture finale, des critiques de la part des professionnels, particulièrement sur certains de ses articles. Après plusieurs reports, le projet de loi sanitaire sera présenté à l'APN le 7 décembre prochain. C'est ce qu'a déclaré, hier à partir de Constantine, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Abdelmalek Boudiaf, qui a présidé la célébration de la Journée mondiale du diabète, a indiqué que «ce projet de loi sanitaire, dont la présentation devant la commission santé de l'APN a été reporté au 7 décembre prochain, permet de laisser, encore une fois, le temps à d'éventuels enrichissements». La réforme de la santé, lancée il y a plus de dix ans, a suscité, dans sa mouture finale, des critiques de la part des professionnels, particulièrement sur certains de ses articles. «Les professionnels ont apporté leur contribution à travers les assises régionales et nationale. Le ministère a réceptionné 8000 à 9000 correspondances qui ont toutes été étudiées», a affirmé M. Boudiaf, qui a saisi cette occasion pour revenir sur certains aspects du projet de loi. Et de rappeler que l'Algérie a adopté la déclaration de l'ONU sur la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles en septembre 2011 dont le diabète fait partie. «Le diabète représente aujourd'hui un véritable problème de santé publique, vu son évolution dans le monde. Selon la projection de l'OMS, il passera de 380 millions à 480 millions de diabétiques en 2025. En Algérie, sa prévalence est estimée entre 9 et 12% selon les études chez la population âgée de 25 ans et plus.» Une réalité qui risque de peser sur la trésorerie publique, d'où l'élaboration du Plan national stratégique multisectoriel de lutte intégrée contre les facteurs de risque communs aux maladies non transmissibles 2015-2019. A cet effet, un Comité national multisectoriel composé de représentants de 14 départements ministériels, de 6 associations nationales et d'experts nationaux dans le domaine a été mis en place. Le ministre a également abordé le problème de la formation, un préalable à une meilleure prise en charge : «L'année 2016 a vu la formation de plus de 3000 médecins généralistes. 360 d'entre eux ont reçu une formation sur l'approche intégrée des maladies non transmissibles et 118 autres ont été formés à l'éducation thérapeutique. Les médecins généralistes sont appelés à être les médecins référents dans le projet de la nouvelle loi sanitaire.» Aussi, il a été procédé à la mise en place du registre du diabète de l'enfant afin de mieux appréhender la problématique de cette pathologie dans cette tranche vulnérable de la population et au lancement, en cette Journée mondiale, de l'enquête nationale sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles selon une approche de l'OMS Stepwise. Pas de remède miracle En matière de dépistage, «des campagnes appuyées par l'organisation de villages du diabète ont été lancées depuis deux ans», a conclu le ministre. Il y a quelques mois, un médecin, Toufik Zaibat, a promis l'avènement d'un médicament miracle contre le diabète. Une «trouvaille» qui a soulevé un tollé au sein de la communauté scientifique, relayé par les médias et les réseaux sociaux. Le ministre de la Santé a pris fait et cause pour ce dernier ; il a même déclaré sur les ondes de la radio et à la télévision que «ce chercheur n'est pas un charlatan comme on veut le faire croire…Le produit en question n'est pas enregistré en Algérie, il est actuellement entre les mains des experts. Il faut attendre les résultats». Le miracle n'aura pas lieu. Ce «médicament» sera commercialisé en tant que complément alimentaire à partir de dimanche prochain, a indiqué son inventeur dans une déclaration à la radio locale. Abdelmalek Boudiaf n'avait pas connaissance de cette commercialisation, mais continue néanmoins de soutenir le Dr Zaibat. «Nous ne disposons pas de laboratoire d'analyse et de certification, il faut qu'il aille aux Etats-Unis et ailleurs pour pouvoir produire la molécule, nous n'avons pas d'expertise pour cela», a-t-il déclaré. Devant l'insistance de nos questions relatives à un produit qui n'a pas tenu ses promesses, le ministre a fini par reconnaître qu'«il n'y a pas eu de résultats probants, ce qui justifie sa mise en vente à titre de complément alimentaire». Mais il ne démord pas concernant les compétences professionnelles du médecin : «Quand j'étais wali de Constantine, j'ai enfreint la loi pour l'aider. Il a exercé à Genève (Suisse) et j'ai vu son travail. Je lui ai donné un lot de terrain pour concrétiser son projet. Nous devons aller chercher les compétences nationales là où elles sont.»