Les artisans invoquent la difficulté d'écouler leurs produits et l'insuffisance des aides de l'Etat. Le secteur de l'artisanat à Bouira peine à se relever. Après plusieurs années d'inertie et de temps perdu, son éveil s'avère difficile. Des métiers de l'artisanat d'art, à l'instar du tissage des tapis, la poterie, la vannerie, sont en voie de disparition. Pour le tissage des tapis traditionnels, il ne reste qu'une seule famille au niveau de Garrouma, à l'extrême ouest de la wilaya de Bouira, qui conserve ce métier ancestral. Le point commun des métiers de l'artisanat d'art est qu'ils sont exercés au niveau des zones rurales. Même avec les avantages fiscaux, l'artisanat d'art ne vit pas ses beaux jours. «Ce métier requiert beaucoup de temps pour une faible rentabilité. C'est ce qui pousse de nombreux artisans à changer de métier», explique une responsable au niveau de la direction du tourisme et de l'artisanat de Bouira. Le nombre d'artisans d'art au niveau de la wilaya est de 1526. Le nombre de ceux qui ont bénéficié du Fonds national de la promotion est insignifiant. Depuis décembre 2013, seuls 48 dossiers ont été satisfaits pour un montant de 20 millions de dinars. 74 autres dossiers attendent encore leur validation au niveau du ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat. Selon nos sources, les aides de l'Etat pour les artisans sont gelées, et ce, jusqu'à une date ultérieure. Même l'engouement pour l'apprentissage de l'artisanat d'art au niveau des instituts et des centres de formation professionnelle est faible par rapport aux deux autres domaines d'activités artisanales, à savoir l'artisanat de production de biens et l'artisanat de production de services. L'on compte seulement 980 stagiaires et apprentis pour le premier chapitre, 1800 pour le second et la part du lion revient à l'artisanat de production de services, avec plus de 4000 stagiaires et apprentis. Par ailleurs, les artisans en général posent le problème de la commercialisation de leurs produits sur le marché. Au niveau de la wilaya de Bouira, 3 espaces seulement ont été réservés aux artisans pour écouler leur marchandise : La maison de l'artisanat à Sour El Ghozlane, les ex-galeries du chef-lieu de la wilaya et le centre des métiers de l'artisanat de Lakhdaria. Dans la partie est de Bouira, aucune structure n'existe. Pourtant, cette région regorge de potentialités dans le domaine artisanal. Les autres canaux de commercialisation indirects via des commerçants ne profitent pas aux artisans. Les prix pratiqués par les commerçants sont très élevés. Un couffin traditionnel coûte entre 800 et 1000 DA dans des magasins de revendeurs à Lakhdaria. L'initiative de la Chambre de l'artisanat et des métiers de la wilaya de Bouira (CAMB), consistant à l'initiation des artisans au marketing du produit artisanal n'a pas donné les fruits escomptés. «Il n'y avait pas un grand intérêt pour ces formations, pourtant importantes et gratuites. Nous avons, comme projet, l'installation de chapiteaux au niveau du Centre national des sports et loisirs de Tikjda lors de la saison hivernale pour aider les artisans à commercialiser leurs produits», dira Azedine Abdous, directeur de la CAM Bouira.