Un hommage particulier a été rendu à la troupe artistique historique du FLN en ouverture du Festival du théâre arabe à Oran. Le jeune metteur en scène Fouzi Benbrahim a repris l'opérette Hizia, déjà présentée en 1995, pour en faire un nouveau spectacle de chant, de danses et de jeu théâtral. Le spectacle a été présenté, mardi soir, au Centre de conventions Ahmed Benahmed d'Oran, en ouverture du 9e Festival du théâtre arabe qui se déroule jusqu'au 19 janvier. La musique originale du regretté Mohamed Boulifa a été rafraîchie par Hassan Lamamra pour s'adapter à la nouvelle conception scénique voulue par Fouzi Benbrahim. Le metteur en scène a fait appel à des chanteurs-comédiens, comme Djahida Youssef (la mère de Hizia), Mohamed Adjaïmi (le père), Lamia Battouche (Hizia), Abdelnacer Attaoui (Saïd, amoureux de Hizia) ou Adjrad Yughurta (le narrateur). Le texte de Hizia a été écrit par Azzedine Mihoubi. C'est l'histoire d'un amour impossible entre Hizia et Saïd qui remonte au milieu du XIXe siècle dans la région de Sidi Khaled, dans le Sud-Est algérien. Histoire rendue célèbre grâce au poème élégiaque de Mohamed Benguittoune, chanté par, entre autres, Abdelhamid Abbabsa, Khelifi Ahmed et Rabah Deriassa. Avant le spectacle, l'Institut du théâtre arabe (Al Haya'a al arabia lil masrah) et l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), coorganisant le festival, ont rendu un hommage particulier à la troupe artistique du FLN qu'avait fondée Mustapha Kateb en 1958. Certains, comme Taha El Amiri (Abderrahmane Bestandji de son vrai nom), n'ont pas pu faire le déplacement en raison d'ennuis de santé. Safia Kouassi, Mustapha Sahnoun, Mohamed Guerroumi, Halima Zerkaoui, Abdelkader Cherrouk, El Hadi Radjeb, Tahar Benahmed (Thamer Tahar de son vrai nom) et Brahim Derri ont été honorés sur scène. Le public a applaudi debout ceux qui ont défendu, avec courage et talent, la lutte pour la Libération nationale avec le théâtre et les formes d'expression de l'art vivant au milieu de l'adversité. Ismaïl Abdallah, secrétaire général de l'Institut du théâtre arabe, a rappelé, dans son allocution, que le 10 janvier est consacré Journée arabe du théâtre. «Que chaque année, le théâtre se porte bien. Aujourd'hui, les gens du théâtre sont réunis en Algérie pour dessiner un rêve et pour que leurs voix chantent la liberté. Les gens du théâtre repoussent aujourd'hui les ténèbres par les lumières de la beauté, élèvent les étendards de l'amour devant les tempêtes de la haine qui traversent le monde et devant les voix de la folie et de l'extrémisme. Entrez dans les pays par les portes du théâtre ! Tout vous sera ouvert après. Il y a presque 200 activités programmées dans ce festival, cela va des ateliers de formation et des débats académiques, aux hommages et aux spectacles», a déclaré Ismaïl Abdallah. Il a cité les grands noms du théâtre algérien, comme Mahieddine Bachtarzi, Ould Abderrahmane Kaki, Mustapha Kateb, Abdelkader Alloula, M'hamed Benguettaf, Kateb Yacine... Comme il a rappelé que la 9e édition du festival porte le nom du comédien Azzedine Medjoubi (assassiné en 1995). Une vidéo montrant des extraits de pièces et d'interviews de Abdelkader Alloula (tué en 1994) et de Azzedine Medjoubi a été projetée au début de la cérémonie d'ouverture. Deux débats sont consacrés aux deux artistes — réduits au silence par le terrorisme — durant le festival. Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture, a souligné, de son côté, l'importance du théâtre dans l'éducation et dans l'entretien du goût raffiné. «La culture est une force que nous n'avons pas encore bien utilisée dans nos sociétés au moment où le monde connaît de grandes transformations. L'Algérie, selon plusieurs spécialistes de la sociologie culturelle, est le territoire où le théâtre expressif est né. Des gravures rupestres du Tassili ont étayé cette thèse après une analyse scientifique. Les expériences de Alloula dans le théâtre de la Halqa sont étudiées aujourd'hui dans plusieurs universités dans le monde. La Halqa est une création inspirée de l'âme de notre société, passée de la rue aux planches», a-t-il soutenu, saluant Sultan Ben Mohamed Al Kacimi, président de l'Institut du théâtre arabe et gouverneur de Shardjah, aux Emirats arabes unis, «pour tous ses efforts continus en faveur de la culture dans le monde arabe». Les prix qui seront attribués aux meilleurs spectacles parmi les 8 pièces en compétition portent le nom d'Al Kacimi. Le grand Prix est doté de 27 000 dollars. Huit autres pièces seront présentées en Off durant le festival qui se déroule également à Mostaganem où seront présentées aussi des pièces du théâtre universitaire.