Sans surprise, le Parti des travailleurs (PT) a décidé de prendre part aux prochaines élections législatives dans un contexte qu'il présente comme difficile à tout point de vue. Lors d'une conférence de presse animée hier, la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, a motivé cette décision par la situation dangereuse dans laquelle se trouve le pays, aussi bien sur le plan interne qu'externe. Mme Hanoune considère ces élections comme «décisives» pour l'Algérie. Elle estime qu'elles peuvent constituer une étape dans la construction de l'édifice démocratique comme elles peuvent participer à l'aggravation de la situation actuelle, à l'accélération de l'explosion sociale et à l'installation du pays dans l'anarchie et l'instabilité. La pasionaria du PT a assuré que la participation à ce rendez-vous électoral n'obéit à aucune pression ni injonction extérieure ; c'est une décision qui émane du comité central du parti, qui s'est penché sur la situation politique, économique et sociale du pays. D'ailleurs, a-t-elle précisé, le comité central a laissé la session ouverte afin de faire face au moindre imprévu qui pourrait nécessiter une réévaluation de la position du PT par rapport à ces élections. Autrement dit, le PT laisse encore planer la possibilité de recourir au boycott des élections à tout moment. La participation de son parti à cette échéance, a expliqué Mme Hanoune, «n'a pas pour seul objectif l'obtention de sièges à l'APN mais constitue surtout et avant tout un moyen de défendre les acquis des travailleurs, les libertés syndicales et les espérances de la jeunesse pour un avenir meilleur dans un pays en proie à tous les dangers». La secrétaire générale du PT a insisté sur le fait que la présence du parti au Parlement permettra «de soulever les préoccupations et les attentes de la majorité du peuple, de défendre les espérances, de trouver les solutions efficaces aux problèmes socioéconomiques et politiques actuels et de militer pour l'instauration d'une véritable démocratie». Mme Hanoune a relevé que rien ne garantit le respect par l'administration de la volonté du peuple lors de ce scrutin. «En usant de pratiques douteuses, l'administration démontre qu'elle n'est pas prête à respecter la volonté du peuple et son choix», a-t-elle dénoncé, tout en considérant qu'«il n'est pas possible de laisser la place libre aux lobbys et aux oligarques pour qu'ils s'emparent totalement du pouvoir législatif». La secrétaire générale du PT, qui n'a pas été tendre avec le gouvernement, a estimé que les prochaines législatives seront un véritable test pour le pouvoir qui aura ainsi une occasion d'afficher sa bonne volonté de «consacrer les véritables principes de démocratie en organisant des élections législatives intègres et transparentes». C'est même déterminant pour l'avenir du pays. Car, prédit-elle, dans le cas où le choix du peuple serait détourné, le pays plongerait dans l'anarchie et le chaos. La raison est qu'aucune force n'est en mesure de «contenir la colère des Algériens» de plus en plus grande. Louisa Hanoune a ainsi interpellé le président de la République, en tant que «responsable devant la nation», afin qu'il agisse pour préserver et protéger la volonté du peuple. Pour ce faire, il faudra que l'administration fasse preuve d'impartialité et de respect de la volonté populaire. «Soit ces élections seront celles qui permettront de consolider la stabilité et la paix, de réaliser le développement et la prospérité et de préserver le pouvoir d'achat du citoyen. Soit, elles conduiront le pays vers l'inconnu.» Pour Mme Hanoune, il est temps de rendre la parole au peuple et de le laisser choisir librement ses représentants. Elle a appelé dans ce sillage à «une forte mobilisation aux prochaines échéances pour relever les défis que connaît le pays dans différents domaines et unifier les forces démocratiques véritables».