Chaque année, en période hivernale, le monoxyde de carbone sème la mort et provoque, dans le meilleur des cas, des intoxications sévères dans toutes les wilayas du territoire national et Guelma n'y a malheureusement pas échappé. Ainsi, du 1er au 26 janvier 2017, seize (16) personnes ont été sauvées in extrémis, par la protection civile, qui n'a, fort heureusement, enregistré aucun décès. Entre 2015 et 2016, ce gaz sournois a tué 12 personnes et intoxiqué 19 autres à Guelma. A cela, il faut ajouter les accidents domestiques liés aux fuites de gaz butane et de gaz de ville, moins létaux que le monoxyde de carbone, puisqu'ils sont odoriférants grâce au THT (Tetra Hydro Thiophène), qui n'est autre qu'un gaz à forte odeur, additionnée, justement, au gaz naturel. «En effet, le monoxyde de carbone tue parce que c'est un gaz incolore et inodore. Il est issu d'une mauvaise combustion. Les chauffages défectueux, à gaz de ville ou butane, mazout, chauffe-bains, situés dans des logements calfeutrés où l'aération fait défaut, sont directement incriminés lors de nos interventions», tient à souligner Foued Belagoun, chargé de la communication à la direction de la protection civile de la wilaya de Guelma. En effet, si le dernier accident domestique mortel, la mi-décembre 2016, lié au monoxyde de carbone, qui, faudrait-il le souligner, a coûté la vie à six membres d'une même famille, continue de susciter moult interrogations à Guelma, la SDE a trouvé le coupable. «La Sonelgaz n'a plus droit de regard sur les installations d'appareils domestiques fonctionnant au gaz depuis sa restructuration en 1990. Avant cette date, nos agents contrôlaient toute la maison avant la mise en service du gaz. Depuis, seul un certificat d'installation de gaz doit être dument rempli, signé et visé par l'artisan agréé par l'Etat, qui réalise l'installation dans les nouvelles bâtisses individuelles, pour avoir une conformité. Nous savons tous que ce sont des personnes non agréées par l'Etat qui font l'installation et réussissent toujours à faire tamponner notre certificat par des moyens douteux», déclare à El Watan, Issam Benasser, ingénieur en hygiène et sécurité à la direction de distribution de Guelma. Et de conclure : «Une chose est certaine, il y a un vide juridique au cas où un abonné procède à l'installation d'appareil fonctionnant au gaz dans son domicile, surtout si un accident motel arrive comme nous l'avons vécu en décembre à Guelma. Dans ce cas précis, la personne qui a procédé à l'installation du chauffe-bain non raccordé à une conduite d'évacuation n'est pas identifiée. Qui poursuivre alors ? Que faire dans ce cas ?» En clair, c'est la pagaille ! Des pseudo artisans plombiers sèment la mort en toute impunité à Guelma. Bien évidemment, les campagnes de sensibilisation diligentées par la direction de distribution de Guelma, en parallèle avec la protection civile, tendent à éveiller les consciences des habitants, mais force est de croire que des maillons manquent à la chaîne de la prévention contre ce genre d'accidents domestiques. Un détecteur pour donner l'alerte Qui a installé un ou plusieurs détecteurs de monoxyde de carbone dans son logement ? A entendre les professionnels du secteur, «pas grand monde !» D'abord par ignorance qu'un tel produit existe, mais aussi parce qu'il n'est pas commercialisé à grande échelle. «Et encore faudrait-il trouver une marque fiable et normalisée !» A ce sujet, Issam Benasser avance : «Si mes informations sont exactes, l'Entreprise nationale des appareils de mesure et de contrôle d'El Eulma, wilaya de Sétif, filiale de Sonelgaz, travaille sur un avant-projet d'un détecteur de monoxyde de carbone 100 % algérien. S'il venait à être finalisé, nous exigerons son installation dans les domiciles.» Notons également que de nouvelles gammes de chauffage à gaz et de chaudières sont dotées d'une telle technologie. «La coupure de l'alimentation est automatique en deçà du seuil létal de ce gaz», nous dit-on. Quoi qu'il en soit, le nombre de victimes du monoxyde de carbone est en constante hausse, le bilan de la protection civile faisant foi. L'inconscience des habitants est indissociable d'un manque de réactivité de la part des pouvoirs publics, élus et surtout de la société civile.