C'est un climat de guerre qui règne depuis mercredi dernier à l'Est de la wilaya de Bouira. Des centaines de militaires (plus de 2000 hommes) et des équipements lourds ont été mobilisés dans une vaste opération de ratissage, touchant essentiellement les maquis des communes d'El Adjiba, Ouled Rached et Ahnif. L'engagement des troupes de l'ANP, renforcées par d'autres détachements de plusieurs wilayas du Centre (forces spéciales, ndlr), a permis depuis le début de cette offensive l'élimination de 14 terroristes. L'opération a eu lieu précisément à Ighzer Oumechar, dans le vaste massif forestier situé entre les localités de Chréa et Thamelhath, du côté de la commune d'Ahnif. Le dispositif sécuritaire renforcé est toujours maintenu sur place, a-t-on constaté hier, lors de notre tournée dans cette zone, désormais à hauts risques et interdite. «L'accès est interdit aux civils. La zone est bouclée, l'opération est supervisée par un général…», nous a annoncé un militaire d'un détachement stationné au village Chréa, refusant de s'exprimer sur le déroulement de cette opération. Aux villages Azaknoun et Chréa, le nombre de camions et autres engins utilisés dans le transport de l'artillerie lourde et des blindés de l'ANP est impressionnant. Djund el Khilafah (soldats du califat) décimée «C'est risqué, et en plus vous n'avez aucune autorisation de prendre des photos ou circuler dans ce périmètre militaire», affirme un autre, une tasse de café à la main. Des soldats postés à proximité de l'école primaire Aoudjit Abdelkader nous ont précisé que personne n'est habilité à communiquer avec les journalistes. En quittant le site, non loin et à quelque 2 kilomètres, des villageois nous ont déclaré que les tirs d'artillerie lourde et l'accrochage entre l'armée et les terroristes n'ont pas cessé durant toute la journée de jeudi. «Les bombardements n'ont pas cessé, et ce, durant des heures, surtout au début de la matinée de ce vendredi (hier, ndlr)», nous dit Belkacem, la quarantaine, en ajoutant que les unités de l'armée ont investi le village de Chréa depuis mercredi. Contactée, une source sécuritaire a confirmé que le groupe terroriste repéré dans le maquis d'Ighzer Oumencher est composé d'une vingtaine d'éléments. L'armée a tenté de négocier avec le groupe en question pour une éventuelle reddition, mais en vain, a précisé notre source qui a ajouté que les 14 terroristes éliminés depuis le début de l'opération ont été abattus au cours d'un violent accrochage. D'autres seraient touchés par les tirs et les bombardements des blindés. Des militaires ont été grièvement blessés au cours de l'échange de tirs, a indiqué la même source. Les blessés ont été évacués en urgence vers le 52e Régiment médical, situé sur la route menant de la ville de Bouira vers Haïzer. Les terroristes en provenance de l'est de la wilaya et qui activaient sous la houlette d'AQMI s'apprêtaient à prendre part à un conclave dans le massif forestier en question, en vue de rallier l'organisation terroriste de Djund Al Khilafah ayant prêté allégeance à Daech à la fin de l'année 2014 après l'assassinat d'un touriste français, le guide de haute montagne, le Niçois Hervé Gourdel.
Efficacité du renseignement sécuritaire L'ANP a utilisé pratiquement le même mode opératoire en exploitant d'une manière efficace le renseignement sécuritaire avant de passer à l'action. En mai de l'année 2015, 14 sanguinaires avaient été mis hors d'état de nuire lors d'une opération spectaculaire et surtout de qualité qui avait duré une dizaine de jours en pleine forêt Errich, à quelques encablures du chef-lieu de wilaya de Bouira. A Ighzer Oumencher, l'ANP est intervenue en utilisant l'artillerie lourde. La zone est entièrement bouclée. Les bombardements n'ont pas cessé. Non loin du village Chréa, un autre détachement de l'ANP et de la gendarmerie nationale a été installé à proximité de l'usine de plâtre Colpa, issue d'un partenariat entre le groupe français Lafarge et l'entreprise Cosider. L'adjoint du chef de brigade de la gendarmerie nationale de la commune d'El Adjiba, avisé de notre présence dans la région et qui a refusé de donner le moindre détail sur le ratissage de l'armée, nous a par contre invités à quitter les lieux. «Nous avons des instructions strictes. L'armée vous a déjà demandé de quitter les lieux parce que là nous sommes en opération», nous a-t-il dit poliment. A proximité de l'usine, des ambulances de la Protection civile et de l'armée étaient stationnées. Un convoi de véhicules blindés de l'ANP était de passage dans la zone, probablement celui du général-major en charge de cette opération qui supervise le ratissage. Le dispositif sécuritaire déployé en force est toujours maintenu et l'opération de l'armée se poursuit. Les troupes au sol sont en action afin de récupérer d'autres cadavres de sanguinaires abattus, a souligné la même source, en précisant que le dispositif sera levé une fois que la zone sera entièrement nettoyée.