Mémoire de scène, film de Abderrahim Laloui, a été projeté, mercredi soir, dans la grande salle de l'ex-Institut national des hydrocarbures de Boumerdès. Un film qui nous replonge dans les années de terreur de la décennie noire. C'est l'histoire d'un couple amoureux du théâtre, vivant dans la wilaya de Sétif. Une enseignante, Yousra, et un journaliste, Azzedine. Les deux rôles sont interprétés respectivement par Amel Wahby et Abdallah Aggoune. Une pléiade de grands comédiens algériens, à l'instar de Farida Saboundji, Chafia Boudraâ, Mustapha Preure, Faouzi Saïchi, Krikeche, Aziz Boukerouni, Abdenour Chelouche et plein d'autres ont participé à Mémoire de scène. «C'est ma première expérience dans le monde du cinéma. J'ai eu le rôle principal avec l'acteur Abdallah Aggoune. Notre rêve était de monter une pièce théâtrale, en l'occurrence Tartuffe, de Molière. Le film raconte le combat de l'intellectuel d'une classe moyenne contre l'esprit intégriste. Il s'est inspiré de faits réels qui se sont produits durant la décennie du terrorisme. Un peu de fiction, mais beaucoup de réalité. C'est un film dédié à la mémoire des Algériens. Un message pour que nul n'oublie, pour qu'on fasse attention, pour combattre les extrémismes de tous bords», dira Amel Wahby, présente lors de la projection. Les premières scènes du film sont prises dans la ville antique de Djemila, à Sétif. Une famille en pique-nique, des sourires, de la joie. Au fil du temps, le décor s'assombrit. C'était le début du terrorisme intellectuel. Les interdits se multiplient, ni théâtre ni musique… des manifestations de rue éclatent. La société s'enlise petit à petit dans le marasme, et la violence se propage. Une série d'assassinats d'intellectuels algériens, tels que Alloula, Djaout, Medjoubi et autres. Cependant, le couple de héros demeure déterminé à aller jusqu'au bout de son projet de mettre en scène leur pièce de théâtre malgré les menaces. La scène finale du film est imprégnée de sang, de cris et de larmes, après l'assassinat des deux vedettes devant leur domicile, alors qu'elles se rendaient au théâtre. Le rideau tombe et la pièce n'a pas été jouée. «Le monde entier a tourné le dos à l'Algérie durant les années 1990. Maintenant que l'Algérien a pris conscience du danger, il faut bâtir la société et l'orienter vers la modernité, embrasser d'autres cultures…», note le réalisateur, Abderrahim Laloui. Pour lui, le cinéma est un rempart contre l'oubli et Mémoire de scène est un film patriote. Faute de publicité pour l'événement, le public était peu nombreux. Mais ceux qui ont assisté à la projection ont bien apprécié le film. C'est de la découverte pour la jeune génération et une plongée dans la mémoire pour l'ancienne.