Depuis son installation dans la zone industrielle de Témouchent, l'entreprise importatrice du gant médical durant huit années à partir d'Asie, Top Gloves, en est devenue productrice depuis cinq mois. Cette semaine, au cours d'une visite des autorités locales, Larbi N'hari, son directeur général, a indiqué qu'en juillet prochain, après la réalisation d'une troisième chaîne spécialisée dans la production du gant de chirurgie, l'usine doit réaliser l'autosuffisance nationale et même devenir exportatrice de l'excédent de production. Sur cette lancée, Top Gloves compte également développer la production d'une dizaine d'autres produits à base de latex, tels les drains et les sondes, sachant que la nomenclature médicale algérienne compte 2500 articles de consommables : «Les besoins sont énormes dans ce secteur du consommable, la production nationale n'en couvre que 5%. Comparativement, pour le médicament, l'Algérie dépasse 40% dans le dispositif médical». A cet égard, indique le directeur général, si le gant a été privilégié en premier par Top Gloves, c'est parce qu'il est le second en termes de fréquence à être le plus utilisé, après la seringue jetable. Avec ses deux premières unités, son entreprise produit du gant de consultation à raison de 500 000 paires par jour. De la sorte, elle assure la satisfaction de 50% des besoins du marché national. Avec la troisième ligne, toujours sur le premier site qui appartenait à l'Edimco, entreprise dissoute, elle passera à 70%. L'exportation est envisagée parce qu'il existe un deuxième producteur basé à Oum El Bouaghi, qui, lui aussi, alimente le marché depuis juillet dernier. Sur un second site, concédé par la wilaya, celui de l'Enaditex, également dissoute, Top Gloves projette en 2018 l'érection de quatre nouvelles lignes dédiées au gant chirurgical. Le site est en travaux d'aménagement. De la sorte elle totalisera sept chaînes, sachant que la plus grande unité en Europe, selon N'hari, compte trois chaînes seulement. En termes de compétitivité des prix, tant en interne qu'à l'export, le directeur général assure que Top Gloves est très bien placée, dans la mesure où, grâce au prix du gaz en Algérie, le coût de revient du gant produit est bien moindre que celui importé. «Le gaz utilisé chez nous constitue autour de 1% des charges de production, alors que chez nos concurrents sur le marché extérieur, il en représente 30%». Le défi, ajoute-t-il, pour réduire les coûts, «c'est de substituer au latex importé un produit alternatif que la pétrochimie algérienne peut nous fournir avec le concours de l'université. Nous sommes prêts à signer avec elle des conventions». Enfin, pour ce qui est de l'emploi, l'usine tourne avec 250 salariés travaillant sur un cycle de 24 heures en trois équipes se relayant sur les machines toutes les 8 heures. L'essentiel du personnel est féminin parce que, considère-t-on, les femmes sont plus performantes sur les postes que les hommes. Dans un semestre, le nombre des employés passera à 350 puis à 800 en 2018. Seul bémol pour d'aucuns, malgré ces acquis de la région en termes de réduction du chômage, le siège social de Top Gloves est demeuré à Oran, ce qui date du temps où elle était importatrice. En effet, ses redevances fiscales, en particulier la TAP, profite à Oran et pas à Témouchent, où elle est implantée.