Le Centre d'étude, de recherche et de traitement des addictions vient d'ouvrir ses portes au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, apprend-on auprès de son directeur général, le Pr Abbès Ziri. «L'unité est opérationnelle. Nous avons démarré les consultations depuis quelques jours. L'infrastructure, d'un coût de réalisation de 180 millions de dinars, pour une capacité d'accueil de 40 lits, est dotée de tous les moyens humains et matériels nécessaires. Outre les consultations, nous prendrons en charge l'hospitalisation des toxicomanes des deux sexes», a indiqué à El Watan le Pr Ziri. Interrogé sur l'état des lieux de ce fléau dans la wilaya de Tizi Ouzou, ce spécialiste de la santé mentale a souligné : «Nous n'allons pas attendre la catastrophe pour faire de la prévention. Ce centre est conçu justement dans le cadre de la prévention des addictions. La meilleure prise en charge est la prévention. C'est un travail que nous allons renforcer. L'idéal pour nous est d'éviter qu'il y ait de rencontre entre la personne et la drogue. Le travail fondamental est celui-là.» Après l'étude transversale descriptive réalisée, par le Pr Ziri et son équipe auprès de la population estudiantine inscrite dans les différents départements pour l'année 2015-2016, le CHU de Tizi Ouzou compte mener une étude similaire en milieu scolaire, révèle le Pr Ziri. «Cette enquête sera menée en collaboration avec le service d'épidémiologie du CHU de Tizi Ouzou, dirigé par le Pr Toudeft. Nous comptons toucher, à l'avenir, la population en général. Nous voulons compléter l'enquête menée à l'université pour avoir une cartographie réelle du phénomène de la toxicomanie au niveau de la société». Et d'ajouter : «Le but recherché à travers cette enquête anonyme, que nous allons mener dans les écoles, les collèges et les lycées, est d'avoir un état des lieux réel de l'évolution de ce fléau au sein de cette population ciblée, ce qui nous permettra de sortir avec des recommandations et des orientations qui pourront contribuer certainement à mieux connaître la toxicomanie, et, par ricochet, réduire ses effets.» L'étude de 2015 a révélé qu'au moins 9% des étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou consomment de la drogue, a tenu à rappeler ce professeur en psychiatrie. L'enquête a été effectuée sur un échantillon de 1172 étudiants, soit 2,1% de l'ensemble des 55 000 étudiants inscrits dans cette université (2015-2016). S'agissant de l'objectif premier assigné à ce centre d'addictologie, le directeur du CHU de Tizi Ouzou a fait savoir qu'en plus des cures de sevrage, ce service assurera le suivi thérapeutique des patients à moyen et long termes. Cette infrastructure sanitaire aura également comme mission la recherche scientifique en matière d'addictologie, précise le Pr Ziri. Jusque-là, le traitement des toxicomanes se faisait au niveau de l'hôpital psychiatrique de Oued Aïssi (Tizi Ouzou) ou du centre de désintoxication du CHU Frantz Fanon de Blida, seul centre de référence en la matière dont dispose toute la région centre. Le dispositif de prise en charge et de soins en addictologie sera renforcé par une autre unité. En effet, la wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié, également, de la réalisation d'un centre intermédiaire de soins pour toxicomanes (Ciste). Sa mission : le contrôle et le suivi médical des malades traités dans le premier centre, et ce, en plus des activités liées à la prévention et au dépistage précoce des toxicomanes.