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«La refondation de l'Accord d'association entre l'Algérie et l'UE était devenue nécessaire» Amar Belani. Ambassadeur d'Algérie à Bruxelles et chef de mission auprès de l'Union européenne
- L'Algérie et l'Union européenne (UE) ont tenu, lundi à Bruxelles, les travaux de la 10e session de leur Conseil d'association, institué par l'Accord d'association signé en 2002 et mis en œuvre en 2005. Cet accord a instauré un dialogue ouvert et une coopération globale entre les deux parties. Qu'est-ce qui ressort concrètement de la réunion d'hier ? Ce qui ressort surtout de la réunion d'hier et qui fait de ce Conseil d'association un tournant dans nos relations avec l'Union européenne c'est la confirmation de la volonté politique et de l'engagement de l'Algérie et de l'UE d'imprimer un saut qualitatif à la relation bilatérale globale pour consacrer son caractère stratégique ; ensuite, la décision de multiplier la fréquence des contacts à haut niveau (avec la prochaine visite de Mme Mogherini qui est attendue à Alger les 8 et 9 avril prochain, ce sera la troisième rencontre avec le ministre Lamamra en moins de deux mois), pour approfondir notre dialogue politique et notre coopération sur les défis multiformes qui se posent dans notre région. Enfin, le 3e élément distinctif que je relève concerne la densification de la coopération qui s'est accompagnée de la conclusion de nombreux instruments et conventions qui pavent la voie, de manière concrète, à cette nouvelle dynamique que les deux parties ont l'ambition d'impulser dans le cadre de l'équilibre des intérêts. - L'Algérie et l'Union européenne ont adopté formellement, lundi à Bruxelles, leurs «priorités de partenariat» agréées en décembre 2016 et définies au titre de la Politique européenne de voisinage (PEV) rénovée. Quelles sont ses priorités de partenariat ? Pourquoi l'Algérie a jugé utile d'appeler à une refondation du partenariat algéro-européen ? Cette refondation est devenue nécessaire depuis l'adoption de la nouvelle politique de voisinage rénovée qui a été débarrassée des scories de l'ancienne approche européenne en direction du partenariat du Sud (paternaliste, verticale et euro-centriste). La nouvelle approche, à laquelle nous avons activement participé, est fondée sur la différenciation, l'appropriation et la définition conjointe des priorités, selon nos besoins et nos spécificités. Ce sont exactement les priorités de partenariat qui figurent dans le document que nous avons endossé à l'occasion de ce Conseil d'association. Il s'agit d'une coopération renforcée dont les axes et les pistes opérationnelles ont été définis d'un commun accord dans le cadre d'un partenariat d'égal à égal. Les 5 axes retenus s'articulent autour de : le dialogue politique, la gouvernance, l'Etat de droit et la promotion des droits fondamentaux ; la coopération, le développement socioéconomique inclusif, les échanges et l'accès au marché ; le partenariat sur l'énergie, le changement climatique, l'environnement et le développement durable ; le dialogue stratégique ; la sécurité et la dimension humaine, les migrations et la mobilité.
- La 10e session du Conseil d'association Algérie-UE devait également permettre d'entériner le document final portant les conclusions de l'évaluation conjointe de la mise en œuvre de l'Accord d'association et celui contenant les priorités conjointes de partenariat, définies au titre de la PEV rénovée à laquelle l'Algérie a participé activement lors du processus de révision. Que faut-il retenir de cette évaluation d'étape ? Puisque j'ai déjà répondu sur l'approche qui a présidé à l'élaboration et à l'adoption du document portant priorités du partenariat, que l'Algérie est le premier pays dans la région de l'Afrique du Nord à conclure avec l'UE, laissez-moi vous dire que s'agissant de l'évaluation de l'Accord d'association, la demande réclamée par l'Algérie en 2015 partait du principe que : 1- les circonstances prévalant au moment de la signature de l'Accord d'association en 2005 ont fondamentalement changé ; 2- le bilan de la coopération, censé revêtir un caractère asymétrique à l'avantage de l'Algérie vu l'écart de développement, est toujours en faveur de l'UE (en 11 ans de mise en œuvre de l'AA, l'Algérie a importé pour plus de 250 milliards de dollars et a exporté vers l'Europe pour moins de 14 milliards de dollars en produits hors hydrocarbures) ; 3- la faiblesse des investissements européens en Algérie alors qu'ils sont censés compenser le manque à gagner du Trésor public en recettes douanières et aider à l'émergence d'un tissu productif national compétitif. Cette démarche ne visait nullement à remettre en cause l'Accord d'association, bien au contraire, à l'utiliser pleinement dans le sens d'une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération, en droite ligne avec les dispositions de l'article 1 alinéa 2 de l'AA qui prévoit de «développer les échanges et d'assurer l'essor de relations économiques et sociales équilibrées entre les parties». Cet exercice d'évaluation a permis de poser, dans un climat empreint de sérénité et de compréhension mutuelle, un premier diagnostic sur les dysfonctionnements constatés, de part et d'autre, dans la mise en œuvre de l'Accord d'association. Il a également permis d'identifier des pistes à même d'apporter des correctifs et de tracer des perspectives de coopération, étant entendu que l'effort conjoint de monitoring et d'accompagnement devra se poursuivre, eu égard au caractère dynamique du partenariat bilatéral et à l'évolution erratique du contexte économique mondial. Le gouvernement algérien, pour sa part, a pris des mesures urgentes et nécessaires visant la diversification de l'économie et la stimulation de sa compétitivité, la réduction de sa dépendance aux hydrocarbures, la rationalisation des dépenses publiques, une meilleure régulation du commerce extérieur et la préservation de l'équilibre budgétaire. Cet effort, nous comptons le poursuivre et le consolider avec le soutien de nos partenaires économiques et commerciaux, au premier rang desquels figure bien entendu l'Union européenne, en tant que partenaire structurel majeur et historique de l'Algérie, pour trouver ensemble les mécanismes susceptibles d'aboutir à un équilibre dans la coopération et à une complémentarité dans tous les domaines d'activité, de sorte que les pertes subies dans les échanges commerciaux soient compensées par les investissements et le concours financier dans la réalisation de certains programmes. C'est le sens du partenariat gagnant-gagnant que nous nous sommes engagés à asseoir sur la base de la réciprocité et l'équilibre des intérêts. Il demeure entendu qu'à chaque fois que les circonstances exceptionnelles l'exigent, nous ferons appel à nouveau à la compréhension et à l'esprit de partenariat qui fondent les relations bilatérales, l'UE ayant tout intérêt à voir en l'Algérie un partenaire qui se développe durablement et qui est économiquement solide. - Est-ce que la question du Sahara occidental a été abordée lors des entretiens de M. Lamamra avec la haute représentante ? Absolument. Cette question a été longuement abordée et le ministre Lamamra a mis en exergue les blocages qui caractérisent ce conflit vieux de plus de 42 ans et qui entravent ainsi l'édification de l'Union du Maghreb arabe (UMA) à laquelle, nous Algériens, continuons d'œuvrer à son avènement sur une base pragmatique et graduelle. A cet égard, nous avons relevé que le processus judiciaire en Europe, qui réaffirme le statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental, tout comme la décision du Maroc d'adhérer à l'UA, faisant de ce pays le 55e membre de l'Union africaine égal en droits et en obligations avec les autres pays membres de l'UA, y compris la République arabe sahraouie, confortant ainsi l'arrêt de la Cour européenne du 21 décembre 2016, devraient être susceptibles de créer un environnement et un climat qui pourraient être propices à la relance de négociations, de bonne foi, entre le Maroc et le Front Polisario pour parvenir à une solution définitive basée sur la légalité internationale et l'exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination. L'UE, qui a intérêt à la stabilisation de son flanc sud, a certainement un rôle à jouer pour que la reprise de ces négociations puisse prévaloir auprès de la partie qui est responsable du blocage du processus onusien.