Nommée début 2017 à la tête du MaMa, Nadira Laggoune, enseignante à l'Ecole des beaux-arts d'Alger et commissaire d'expositions, nous dit en quoi cette première exposition est emblématique de la politique qu'elle entend développer. - L'exposition est une initiative de l'Institut culturel italien. Quel accueil lui avez-vous réservé ? Mme Maria Battaglia, directrice de l'Institut culturel italien, a souhaité organiser au MaMa la Journée mondiale du design italien, une manifestation qui a lieu dans un grand nombre de pays. Feriel Gasmi, architecte-designer, avait déjà des contacts avec la partie italienne, notamment lors de la Triennale de design de Milan, où avaient été présentés des travaux de designers algériens. Nous en avons discuté, et l'idée d'une confrontation entre les designs algérien et italien est apparue. J'ai insisté pour qu'elle soit commissaire de l'exposition, car elle était déjà impliquée du fait de sa connaissance du sujet, du travail de fédération des designers auquel elle contribue et de l'intérêt qu'elle porte à la promotion du design local. Ce type de partenariat est très intéressant, je souhaite continuer dans ce sens à l'avenir et accueillir des sponsors dans les espaces du MaMa. - Quelle place pensez-vous donner au design ? A l'Ecole des beaux-arts, je dispense des cours (histoire et esthétique de l'image contemporaine, entre autres) qui s'adressent à différentes filières et cela m'a permis de constater que les designers sont aussi des plasticiens qui mettent en forme des idées. Il s'avère donc, pour moi, qu'exposer des travaux de design relève du même ordre d'idées que celui d'une exposition d'œuvres plastiques contemporaines. Le design fera partie des axes que je pense développer. Il a d'ailleurs fait partie des expositions du MaMa déjà en 2014. Mon souhait est que le musée s'ouvre à toutes les formes et modes d'expression contemporains. - Pouvez-vous expliquer la politique d'ouverture que vous entendez mener ? Je voudrais établir des passerelles avec des lieux et interlocuteurs divers, aussi bien avec des organismes de formation qu'avec d'autres acteurs du monde culturel, les espaces d'exposition aussi bien privés que publics, musées, etc. L'idée est de mettre en visibilité toutes les formes artistiques, mais naturellement en nous réservant le droit de faire une sélection en fonction des lignes directrices adoptées pour le musée, promouvoir contemporain en phase avec notre temps. Je souhaite aussi maintenir la dimension internationale que je considère comme primordiale pour une stimulation et des échanges fructueux entre les artistes et les productions artistiques. - A quels publics souhaitez-vous vous adresser ? Je considère que le musée est non seulement un lieu de démonstration, mais qu'il est aussi un lieu de diffusion et d'éducation esthétique. L'aspect didactique est toujours présent quand on adopte cette vision du rôle du musée. Je ne crois pas qu'il y ait un/des types de publics, tous les publics peuvent être concernés. Il est vrai que selon le médium ou le type d'approche, les publics diffèrent, mais ce n'est pas vraiment une norme, on peut comprendre une œuvre de différentes manières, comme l'œuvre donnant à penser ouvre à de multiples interprétations. De ce point de vue, cette exposition sur le design est remarquable : elle permet d'offrir des perspectives extérieures et donc d'élargir le champ de la visibilité pour les designers algériens. Il en ira de même pour les arts plastiques, il s'agit de montrer plusieurs formes de créativité et les mettre en confrontation avec les publics.