Un périple sur les traces de Nonius Datus ne peut, bien entendu, que se terminer au pied de Yemma Gouraya, dans la cité de Saldae-Naciria-Béjaïa. L'endroit, qui évoque le mieux le fameux Librator romain, est le monument dressé en son honneur, en face du siège de la mairie, en bas de la rue du Vieillard. C'est là qu'on peut admirer la célèbre inscription qui raconte l'histoire de l'un des tout premiers réseaux d'alimentation en eau potable d'Afrique du Nord. Mondialement célèbre, le cippe hexagonal fut découvert en 1866 dans les ruines de Lambèse (Tazoult) et transféré à Béjaïa pour orner la fontaine publique édifiée devant le siège de l'Hôtel de Ville et inaugurée en 1896. Le réseau créé par Nonius Datus lui a survécu très longtemps, car il a été réutilisé aussi bien par les Hammadites que par les Français. Vers l'an 1067, lorsque les Hammadites, suite à l'arrivée massive des tribus des Banu Hillal, délocalisent leur capitale de la Qalaâ des Beni Hammad, dans le Hodna (M'sila), à Béjaïa, ils fondent une nouvelle cité sur les ruines de Saldae. Entre autres travaux d'aménagement de la nouvelle capitale, les Hammadites vont reprendre le réseau de Nonius Datus pour alimenter Ennaciria en eau. Plus près de nous, les Français, par le biais des ingénieurs français Imbert et Roux, utiliseront la même source et le même aqueduc pour alimenter la ville de Bougie. Il reste peut-être à la cité à laquelle il a tant donné de lui rendre un autre hommage en donnant son nom à l'une de ses rues…