Les locataires de la cité des 412 Logements à Mehalma n'en finissent pas de vivre l'indigence au quotidien. En plus de la déchirure subie, les bénéficiaires de ces logements sociaux, qui sont pour la plupart originaires de la commune d'Alger-Centre, manquent de tout. Ils subissent ce sort depuis leur emménagement, il y a 14 mois, dans ce site, appelé Sidi Bennour, situé à 5 km au sud de la commune de Mehalma, à laquelle ils sont rattachés. D'aucuns soupçonnent une volonté de les faire « déloger » de ce site. Les résidants se sont constitués ainsi en comité de quartier Nedjma, non reconnu certes, mais qui se fait fort d'aider les locataires. A en croire son président Mohamed Mokhtari, quelques bénéficiaires, dont la liste a été affichée au stade Ouaguenouni en 2002, craignant que leurs logements soient détournés au profit des sinistrés du séisme, ont pris la décision « hâtive » d'occuper ces logements inachevés. Aussi l'APC d'Alger-Centre, ayant acquis ces logements sur son budget, leur a fait signer un engagement stipulant que terminés les 6 mois suivant leur installation, les attributaires bénéficieront des équipements nécessaires. Selon Rafik Zibadji, secrétaire général de Nedjma, rien n'est venu soulager les habitants après l'expiration de ce délai et plus d'une année après, aucune infrastructure n'a été mise en place. Devant recevoir pas moins de 260 000 habitants, la ville nouvelle de Sidi Abdellah, créée par le décret exécutif n°04-2075 et passant depuis peu sous la tutelle du ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, devait accueillir des écoles et autres salles polyvalentes ainsi que des administrations. A ce jour, ce quartier de 72 ha s'apparente à un no man's land. La cité, où l'on peut apercevoir des fresques représentant des scènes lascives de Hourri, a un nom plus qu'évocateur : les Mille et Une Nuits. Les citoyens, toujours indignés, parlent, eux, de cité des Mille et un ennuis. Brandissant son impécuniosité, l'APC de Mehalma se targue, néanmoins, d'avoir mis à la disposition des citoyens l'eau et l'électricité ainsi que les deux minibus de ramassage scolaire. « Faux », rétorquent les représentants des habitants. Selon eux, il a fallu faire intervenir « des appuis » pour que l'alimentation en énergie électrique soit assurée et l'éclairage public installé. Toujours est-il que leur problème récurrent reste l'inexistence d'écoles. D'ailleurs, les quelque 400 enfants des deux cycles doivent se déplacer à Mehalma, située à 5 km de la cité, alors que des établissements scolaires sont prévus dans les plans de l'Agence de la ville nouvelle de Sidi Abdellah (ANSA), devant assurer les prestations au profit des habitants, s'indignent-ils. Ceux-ci, situés non loin du site, ont été cédés au ministère de l'Enseignement supérieur. La crèche, dont les locaux se trouvent au bas d'un immeuble, est abandonnée. Eprouvant des vexations de la part des élèves du patelin, beaucoup d'élèves rentrent à la maison l'œil enflé. De plus, les deux bus de ramassage scolaire sont toujours bondés. Pis, les élèves font plus de 10 km pour rejoindre le lycée ou le centre de formation de Zéralda, distant de 10 km. Les directeurs ne badinent pas avec les horaires. Passée l'heure indiquée, les retardataires sont rabroués et leurs parents convoqués. Aussi, aucun centre de santé n'a été réalisé. Ouvert depuis près d'un mois, après plusieurs sollicitations auprès des responsables de la santé de Zéralda, le dispensaire, aménagé au bas d'un immeuble, ne dispose pas du matériel nécessaire. Fermant en début d'après-midi, les employés, une infirmière et un médecin, n'assurent pas de permanence la nuit. Les malades sont ainsi abandonnés à leur sort, puisque pour de légères écorchures, il faut se déplacer jusqu'à Zéralda. En outre, au problème du transport s'ajoute celui de l'inexistence de marché de proximité. Propriétés de l'APC d'Alger-Centre, les locaux se trouvant au rez-de-chaussée ne sont pas aménagés. L'Ansa aurait assuré que le marché situé à l'entrée de la cité Mille et une nuits est installé sur un terrain litigieux. Les habitants se trouvent dans l'obligation de faire leurs emplettes à Mehalma ou à Boufarik. La baguette de pain leur revient, assurent-ils, à pas moins de 30 DA. Pour ce qui est des espaces verts, aucune structure n'est prévue. Celles existantes, à savoir la Mare aux canards et le Lac des mille et une nuits, sont payantes et ne bénéficient aucunement aux résidants. Preuve en est l'accès au stade les Orangers, attenant à l'institut de sport. Pour y accéder, les mordus de la balle ronde doivent débourser pas moins de 4000 DA, les deux équipes.