Fait inhabituel : 23h30, le taux final de participation n'est toujours pas rendu public ! Nos correspondants dans différentes régions du pays ont signalé un fort taux d'abstention. A 17h, le taux annoncé par le ministère de l'Intérieur était de 33,53%. La Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) a été destinataire, hier depuis le début et jusqu'à la fin de l'opération de vote, de 358 saisines dans tout le pays, dont la majorité est liée à l'aspect organisationnel, a affirmé le président de la HIISE, Abdelwahab Derbal. Dans ce contexte, M. Derbal a indiqué que le nombre des saisines parvenues à la HIISE jusqu'à la fermeture des bureaux de vote avait atteint 358, dont 16 transférées aux procureurs généraux, a-t-il ajouté, soulignant la nécessité «d'amender les textes juridiques relatifs aux saisines en vue de combler les vides juridiques enregistrés lors de ces élections». Evaluant la première expérience de son instance, M. Derbal a indiqué que ces législatives «ont permis à la HIISE de s'exercer sur le terrain en fonction de ses moyens». Il a, en outre, appelé à une révision de la loi organique régissant l'action de la HIISE, laquelle «nécessite de profonds amendements», pour permettre à la HIISE d'accomplir pleinement sa mission. A Annaba, six partis et une liste indépendante sur les douze en course aux législatives dont le MPA, l'alliance HMS, PT, TAJ, FFS se sont fendu d'un communiqué qu'ils ont adressé à la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) de la wilaya de Annaba. Dans ce document, ils font état de fraudes dans des centres de vote situés à El Hadjar, Chorfa, Horiecha, Derradji Redjem 1 et 2, Hadjar Eddis, Bergouga, Sellami, El Kerma, etc. «C'est avec la complicité des chefs de centre que des personnes ont bourré les urnes avec des enveloppes portant la liste 34 (FLN) et d'autres vides», accusent les partis dénonciateurs. De son côté, Abdelouahab Labiod, magistrat et membre de la HIISE de la wilaya de Annaba a confirmé : «Six partis et une liste indépendante nous ont fait part de l'existence de plusieurs dépassements mineurs. Les membres de la HIISE ont entamé des enquêtes pour confirmer cette situation.» Des accusations que justifie le très faible taux de participation dans la matinée. Ce qui a fait trembler l'administration. En effet, d'hésitante et calme aux premières heures de l'ouverture de 144 centres et 956 bureaux de vote, l'opération de vote a pris une autre tournure à partir de 12h dans les 12 communes de la wilaya de Annaba. Heure que semble avoir choisie les partisans du plus vieux parti – FLN – pour passer à l'action. Pratiquement pas une seule commune, localité ou bureau de vote n'a été épargné par les actes de fraude, sinon de «sensibilisation forcée». Quelques heures à peine après le lancement de l'opération de vote et en présence d'un service de sécurité étrangement passif, ces actes se sont transformés en faits accomplis. En effet, de 2,82% à 10h, le taux de participation est passé à 16,19% vers 13h, pour arriver à 23,06% à 16h. Menés par des élus de différentes APC ainsi que des fonctionnaires de l'administration locale et mis en application par plusieurs groupes de jeunes délinquants, ces actes étaient multiformes. Les chefs des centres ont été saisis officiellement et accepté que les urnes soient bourrées soit en bulletins «34», soit vides pour augmenter le taux de participation. «Encore une fois, ce n'est pas un scrutin transparent comme on veut nous le faire croire, mais une fraude que l'on impose au peuple pour élire des candidats qui ne les représentent pas. De ma vie, je n'ai jamais vu pareils actes qui, plus est, sont commis, au vu et su des services de sécurité et des observateurs, par les partisans du FLN», a dénoncé Messaoud Bounaama, un électeur rencontré au centre de vote de Didouche Mourad (Annaba). Suspicion A Boumerdès. A la commission de contrôle des élections, on nous fait part de certaines défaillances relatives à l'absence de bulletins du RCD à Labid (Issers) et ceux d'un autre parti à Corso. Ce sera également le cas pour le parti El Moustakbel dont les bulletins resteront introuvables au lycée de Si Mustapha. Le directeur du centre apparemment dépassé s'est montré particulièrement désagréable avec la presse à qui il a refusé l'accès du centre. Les mouvements suspects de certains représentants qui déambulaient dans les couloirs du lycée Ahmed Benayed rendant les dépassements plus que plausibles. Non loin d'ailleurs, au centre Boudhar de Si Mustapha, un jeune nous a remis le bulletin d'un candidat du patelin, un nanti. L'opération s'est répétée devant nos yeux avec plusieurs électeurs sans que l'indélicat ne soit inquiété par qui que ce soit à l'entrée du centre. Au centre des femmes Tenekriche Med Seghir des Issers, les représentants du RCD et du FFS ont donné l'alerte sur l'utilisation de bulletins distribués à l'extérieur du centre. Même cas de figure à Thénia et à Ouled Saleh, sur les hauteurs de Ammal, où des délits d'influence nous a été rapporté. A la commission de contrôle des élections, on a été témoin d'un coup de fil d'une représentante d'un parti qui s'est plainte de pratiques douteuses à Ammal. Enfin, selon la DRAG de Boumerdès, «il n'y a aucun incident qui aurait influencé le déroulement des élections». A Sidi Bel Abbès, le FFS a, dans un communiqué, dénoncé de nombreuses irrégularités constatées au niveau de plusieurs bureaux de vote de la ville de Sidi Bel Abbès. «A 48 heures du scrutin, l'administration a modifié les listes d'encadreurs dans plusieurs centres et bureaux de la ville, en violation de la loi électorale 16-01, en particulier l'article 30», lit-on dans le communiqué du FFS. Selon le responsable de la fédération FFS de Sidi Bel Abbès, M. Laghouati, l'administration a prétexté l'«expiration du délai légal» et «la perte de photos» de militants du parti pour ne pas délivrer tout un lot de badges aux observateurs du FFS. Dans le communiqué, le FFS appelle expressément le wali, Hachani Tahar, à veiller au bon déroulement du scrutin, en toute neutralité, afin que les voix exprimées en faveur du parti «ne fassent pas l'objet d'un report au profit d'autres formations politiques».