Abdelmadjid Tebboune est depuis hier le nouveau Premier ministre. Sa nomination intervient moins de 24 heures après l'installation du président de l'APN, mettant ainsi fin à toutes les spéculations nourries ces derniers jours autour de la reconduction de Abdelmalek Sellal à la tête du gouvernement. L'ex-ministre de l'Habitat devrait constituer son gouvernement dans les tout prochains jours. D'aucuns avancent quelques changements de portefeuilles ministériels. Lesquels et selon quels critères ? La question reste posée. Ni Abdelmalek Sellal ni Ahmed Ouyahia ! La chefferie du gouvernement a été confiée, finalement, à Abdelmadjid Tebboune. Une grosse surprise ! En effet, la présidence de la République a annoncé, hier après-midi, la nomination de l'actuel ministre de l'Habitat à la tête du Premier ministère en remplacement de Abdelmalek Sellal qui a présenté la démission de son gouvernement au chef de l'Etat. «A la suite de la proclamation, par le Conseil constitutionnel, des résultats définitifs des élections législatives et de l'installation de la huitième législature de l'Assemblée populaire nationale, M. Abdelmalek Sellal, Premier ministre, a présenté ce jour à son Excellence, M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, sa démission et celle du gouvernement», lit-on dans un communiqué de la présidence, diffusé par l'APS. «Le président de la République a félicité Abdelmalek Sellal, Premier ministre sortant, et les membres du gouvernement pour le travail qu'ils ont accompli. Conformément à l'article 91, alinéa 5 de la Constitution, le président de la République a, après consultation de la majorité parlementaire, nommé Abdelmadjid Tebboune, Premier ministre», indique la même source, précisant que le nouveau premier responsable de l'Exécutif prendra ses fonctions dès ce matin. En attendant la nomination du nouveau gouvernement, le chef de l'Etat, ajoute le communiqué de la Présidence, «a chargé les membres du gouvernement démissionnaire de vaquer aux affaires courantes de leurs secteurs respectifs». La désignation de Abdelmadjid Tebboune au poste de Premier ministre n'était pas, rappelons-le, prévue dans les «pronostics» des observateurs de la scène nationale. Depuis les élections législatives du 4 mai dernier, les rumeurs évoquent tantôt la reconduction de Abdelmalek Sellal, tantôt son remplacement par le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia. Le désormais ex-Premier ministre avait même entamé des consultations avec des partis politiques en vue de la constitution du nouveau gouvernement. Cette initiative a fait penser à de nombreux observateurs, y compris aux responsables des partis au pouvoir, que Abdelmalek Sellal allait être reconduit. Même le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, qui prétend être proche du président Bouteflika, avait affirmé que Sellal était maintenu. Il n'en est rien. Abdelmadjid Tebboune, dont le nom a été cité par le passé comme un prétendant au poste de Premier ministre, parvient ainsi à son objectif. Quel gouvernement et pour quels objectifs ? Le nouveau Premier ministre devra former son gouvernement dans les tout prochains jours, voire les prochaines heures. Mais quelle sera sa composante ? Il est fort probable que les partis au pouvoir, en l'occurrence le FLN et le RND, se tailleront la part du lion dans le staff de Abdelmadjid Tebboune. Ayant obtenu la majorité des sièges à l'APN, ces deux formations ont toujours eu la majorité des postes dans le gouvernement. Le MPA de Amara Benyounès et TAJ de Amar Ghoul pourront aussi avoir quelques places dans la nouvelle équipe gouvernementale qui sera appelée à trouver des solutions à la crise économique actuelle qui s'exacerbe de plus en plus. Trouvera-t-il des profils en mesure de booster les secteurs qualifiés de stratégiques, en l'occurrence le tourisme, l'agriculture et l'industrie ? Le nouveau Premier ministre débloquera-t-il la situation dans le secteur des BTPH, où les chantiers sont à l'arrêt en raison de la rareté des ressources financières ? En tout cas, le pari s'annonce difficile pour le prochain gouvernement. Et pour cause, les recettes pétrolières n'augmenteront pas de sitôt, d'autant que les cours du pétrole tardent à rebondir sur le marché international. Ce qui constitue déjà un handicap pour l'Exécutif qui tente de diversifier l'économie nationale et sortir définitivement de la dépendance des hydrocarbures.